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Benoît Jacquot, réalisateur pop ? Vous lisez bien. Si Marie-Antoinette devait avoir une suite, ce serait Les adieux à la reine, qui commence là où finissait à peu près l’objet dandy-décadent de Sofia Coppola. Ce parallèle, audacieux en apparence, ne vaut pas tant pour la forme, très différente (aux plans composés et pastels de Marie-Antoinette répond le style nerveux et réaliste donné par la caméra à l’épaule de Jacquot), que pour l’esprit et la modernité du propos. Le thème principal des Adieux à la Reine, ce n’est pas la chronique de la fin d’une époque (subtilement décrite par la décrépitude des lieux et la fatigue des aristos), ni le portrait initiatique d’une vague intrigante, mais le rapport à la célébrité: comment être soi en vivant dans l’ombre d’une star, Marie-Antoinette étant perçue comme la première it-girl de l’histoire –Jacquot rejoint en cela Coppola. Un mot doux, un effleurement de peau venant de la Reine et Sidonie Laborde se sent pleinement vivante, comme une amoureuse. C’est à la fois une groupie et une esclave que son idole manipule à loisir, avec la cruauté des gens bien-nés. Cinéaste de la femme, Jacquot filme une Cour inédite, celle des alcôves et des cuisines, des patrons –de couture- et du crochet, pas moins fascinante que la Cour des grands hommes. Il filme surtout passionnément Léa Seydoux, de tous les plans. Dans le plus beau rôle de sa jeune carrière, l’égérie du cinéma d’auteur français rend admirablement compte de la dualité de Sidonie, jeune femme revêche et soumise à la fois. Face à elle, Diane Kruger incarne avec brio la perverse narcissique dans toute sa splendeur... et son horreur.
Toutes les critiques de Les adieux à la reine
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Un drame historique brillant sur fond de révolution. (..) Une merveille de tension et de sensualité.
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(...) Le plus beau film français de ce début d'année.
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(...) un chef-d'oeuvre. (...) Le film est passionnant parce qu'il saisit le mouvement de l'Histoire en lui collant aux chausses sans faire de lyrisme pompeux. (...) Le film est touchant parce que tous les comédiens (Seydoux, Kruger, Ledoyen, Beauvois...) y sont à leur juste place. Une merveille (...).
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ces Adieux à l Reine nous transportent, et Benoît Jacquot nous invite à un formidable voyage dans le temps.
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Les Adieux à la reine prend le spectateur dans ses filets, dès le début en adoptant le point de vue d'une héroïne évoluant dans le labyrinthe de Versailles. On a rarement vu la vie quotidienne du château aussi bien montrée que dans cette fresque brillante.
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Moins glamour et new wave que Sofia Coppola - son Marie-Antoinette en 2006 -, mais plus ample et plus subtil. Une vraie réussite.
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Une triangulation amoureuse, féminine donc, le cinéaste avouant préférer les destins de femmes et de jeunes femmes à celui des hommes. Si vous vous attendiez à voir un portrait psychologique d’un Louis XVI en fin de règne, passez votre chemin, ici l’honneur est faite aux dames. (...) Un grand film et une belle réussite. (...) Avec une lumière ombrageuse et une musique des plus envoûtantes, Les adieux à la reine croque une ambiance intimiste, subjective, et sentimentale pour ce film historique à taille humaine.
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Le talent de Benoit Jacquot est de donner à cet itinéraire sacrificiel une savoureuse logique de cauchemar : ballottée d'un bout à l'autre de Versailles, son héroïne arpente des couloirs sans fin, trébuche, se relève. Elle est une Alice aimantée et persécutée par sa reine de coeur... En un plan-séquence virtuose, une nuit blanche devient un bal des spectres, ronde de vieillards affolés, danse de vampires exsangues. Le soin apporté à chaque second rôle - Xavier Beauvois dans le rôle du roi, Noémie Lvovsky, Hervé Pierre, Michel Robin - donne vie à cette apocalypse sous les ors et sert à merveille ce qui passionne Benoit Jacquot : l'élégant décortiquage de la psyché d'une jeune fille. Sans anesthésie, avec humour : délectable vivisection ! Brillantissime !
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Benoît Jacquot n’a pas son pareil pour transformer en spectacle palpitant et gracieux ce petit théâtre machiavélique du désir et de ses détours. Il réussit cette fois à le projeter dans un paysage tout aussi chaotique mais plus ample. La collision est fracassante.
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Adapté d’un roman de Chantal Thomas, « les Adieux à la reine », tragédie stendhalienne qui rappelle à la fois l’esprit du « Saint-Cyr », de Patricia Mazuy, et « la Fille seule », de Jacquot, montre les coulisses d’un monde pourrissant sans pour autant renoncer aux motifs habituels du réalisateur : portrait de jeune fille, film d’apprentissage, psychanalyse. Léa Seydoux, convaincante de bout en bout, tout comme ses consœurs d’ailleurs, endosse au pas de charge cette admirable fin de règne qui n’est pas sans en rappeler une autre.
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[Sidonie Laborde] dont c'est probablement la meilleure interprétation à ce jour est d'une incroyable crédibilité face à une Marie-Antoinette campée par l'Allemande Diane Kruger, qui joue avec finesse de sa pointe d'accent (...) Royal, passionnant, intelligent et émouvant ce Versailles plein de venin.
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Peu-être le meilleur film de Jacquot, sa mise en scène parvient non seulement à saisir la transe collective d'un monde au bord du chaos, mais à conjuguer habilement événement historiques et fièvre de l'instant présent.
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Filmée caméra à l'épaule, admirablement vivante, cette adaptation du roman de Chantal Thomas, dépeint avec force, la monarchie au bord du précipice. Ce climat incertains, Benoît Jacquot, l'aiguise et le sublime savamment autours de l'amour reliant ces trois femmes, entre admiration et perversité, tendresse et célébrité. Il lui confère ainsi une résonance aussi savoureuse qu'actuelle.
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Une débâcle misérable et mesquine, assez jubilatoire par sa mise en scène cruelle et crépusculaire.
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Ce film, adapté du livre de Chantal Thomas, est un pur ravissement pour le regard et l'esprit.
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Benoît Jacquot signe un film au charme entêtant comme un parfum qui mêle à la vie quotidienne foisonnante les signaux secrets de l'histoire, annonçant un changement d'époque.
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Le dialogue trouve le ton juste en combinant les tournures (...) désuètes et les expressions plus (...) modernes. La musique de Bruno Coulais (...) accompagne l'action comme si elle était contemporaine. Voici une oeuvre qui allie la densité à la finesse.
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Benoit Jacquot livre une oeuvre intemporelle sur la complexité des sentiments portée par des actrices magnifiques, loin des codes attendus du film historique en costumes.
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Lorsque le cinéma s'empare de l'Histoire, il lui faut éviter la poussière. Jacquot n'a pas oublié cette leçon. Il nous sert des personnages bien vivants dont la trajectoire reflète les événements comme un paysage intime. (...) Une vraie réussite.
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La pauvre Sidonie (...) finit par ne plus distinguer le rêve de la réalité. C'est le motif central de ce beau film qui abolit en même temps la frontière qui sépare le songe du cauchemar (...) [et] qui s'affranchit miraculeusement des corsets, amidon et postiches de la reconstitution historique.
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"Les Adieux à la reine" perd sur les deux tableaux : trop loin de son prétexte (la Révolution), pas assez près de son horizon réel (une affaire de couloirs amoureux), il en devient presque aussi aveuglé que son héroïne, figure passive qui n'a pas le coup d'oeil et l'intuition des vrais bons témoins.
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[le film] passe, lentement avec une absence totale de puissance. C 'est Versailles un jour de fermeture. Ce n'est pas parce qu'on tourne dans la galeries de Glaces qu'il faut s'appuyer sur ses reflets.