Première
par Thierry Chèze
En 2019, on découvrait à la Semaine de la Critique Pauline asservie, un court où Charline Bourgeois- Tacquet s’emparait brillamment de la thématique de l’obsession amoureuse avec une héroïne sans cesse au bord de la crise de nerfs en attente du texto de son amant, avec dans le rôle- titre une Anaïs Demoustier capable de susciter une incroyable empathie pour ce personnage crispant car autocentré à l’extrême. Lui aussi sélectionné à la Semaine, Les Amours d’Anaïs constitue le prolongement de ce court. Le prénom a changé mais pas son interprète, pour qui cette Anaïs – digne descendante des héroïnes tout feu tout flamme des films de Rappeneau ou De Broca - semble écrite sur mesure dans cette idée d’un personnage qui, entre le cœur et la raison, a choisi pour de vivre loin des diktats au seul rythme des emballements de son palpitant sans avoir peur de dire sa passion amoureuse. Ce voyage trépidant sur la Carte du Tendre la conduit vers un éditeur puis sa femme, avec ce même mélange détonnant d’apparente naïveté et de grande certitude. Mais en passant du court au long, la réalisatrice joue aussi avec les curseurs émotionnels, les moments d’apaisement venant renforcer l’explosivité naturelle d’Anaïs. Et dans ce rôle, par son espièglerie joueuse, son intensité dingue sans jamais forcer le trait, Anaïs Demoustier signe une composition d’autant plus rayonnante qu’elle joue en permanence avec les autres, à commencer par les excellents Denis Podalydès et Valeria Bruni- Tedeschi (dans un rôle d’une douceur qui contraste avec son emploi habituel). Bref, un régal de comédie romantique.