Première
par Isabelle Danel
Centrée sur l’adoption d’un enfant noir par une Blanche célibataire, cette première fiction d’une documentariste (Le Chemin de Jade, 2006) et réalisatrice de télévision aborde des questions essentielles sur l’Afrique, ses croyances et ses traditions. Le plan d’ouverture du film, qui montre un camion fendant de hautes herbes en pleine nuit, donne le ton. Il y a là une forme de violence, celle des Blancs faisant irruption sur un territoire qui ne leur appartient pas, dans un pays qui ne se laisse pas approcher facilement... Tout en levant le voile sur la pratique de l’infanticide rituel, toujours en usage au Bénin, la réalisatrice se retranche derrière le personnage de la mère. Mais la problématique de Cécile (refus de l’abandon, absence du père, hostilité envers sa mère, répétition d’un schéma familial...) est si surlignée qu’elle fait écran au vrai sujet du film. C’est d’autant plus dommage qu’Audrey Dana l’incarne avec une belle énergie. Poser un regard mais ne pas porter de jugement, c’est tout le challenge du film, hélas non relevé.