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Avec L'apollonide, le réalisateur de De la guerre et Le Pornographe livre une vision moins politique que poétique de la prostitution. Formellement sublime sans pour autant verser dans le frou-frou nostalgique, le film d'époque de Bertrand Bonello est une longue rêverie, moderne et mélancolique. Un enivrant chant d'amour à la féminité, au glamour tragique.
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Aux antipodes d’un quelconque érotisme racoleur, L’Apollonide – Souvenirs de la maison close est un vrai mélodrame au souffle tragique et au faste éteint où les fantasmes d’amour et l’ivresse des étreintes hantent les corridors cramoisis. Pendant deux heures, le scénario épouse les trajectoires incertaines de belles endormies fanées avant d’avoir éclos, recluses dans un gynécée à l’abri du monde extérieur. En échappant aux écueils théoriques et en s’entourant de comédiennes toutes également remarquables, le cinéaste réussit, à force d’audaces narratives, à mêler l’émotion et l’abstraction, à stimuler l’intellect et le sensoriel pour tendre à l’universel. Il parle aussi de cinéma, donnant à mesurer la puissance des images, orchestrant la rencontre de réalisateurs qu’il a aimés dans un bordel à la recherche du temps perdu. Gangrené par une mélancolie proustienne, ce film-mouroir aurait pu empester la naphtaline. Il s’avère en réalité inquiétant et fascinant jusqu’à l’hypnose, regorgeant de fulgurances sublimement grotesques. En cette période de standardisation extrême, Bonello reste l’un des rares cinéastes capables de filmer, pour la beauté du geste, des larmes de sperme sur les joues tristes d’une fille de joie.
Toutes les critiques de L'Apollonide, souvenirs de la maison close
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Aussi provocant que passionnant, l'entrechoc de ces univers anachroniques est au coeur du projet de Bonello. L'Apollonide est un voyage dans l'imaginaire des artistes du XIXe siècle, mais organisé par le regard de ce cinéaste esthète qui a placé le sexe et la question du genre au coeur de son cinéma.
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Le cinéaste n’a jamais été aussi libre, aussi concentré, sa virtuosité discrète explose.
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Avec L’Apollonide, Bertrand Bonello signe peut-être son meilleur film et l’un des films français les plus ambitieux et amples qu’il nous ait été donné de voir depuis longtemps.
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Inspirée, envoûtante, la mise en scène de Bertrand Bonello trouve la distance juste pour raconter la vie quotidienne et théâtrale de ces filles que les hommes achètent, désirent, fantasment, aiment et abîment.
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Qui dit ribambelle de filles dit ribambelle de jeunes actrices, toutes à découvrir. Quel est le bémol ? Le cinéaste ne semble pas avoir d'autre point de vue qu'esthétique.
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Une vie de femme(s) ; c’est ce que propose de nous faire découvrir Bertrand Bonello dans ce film oscillant entre tableau et fantasme, magnifiquement joué par une pléiade d’actrices. Un projet ambitieux du cinéma français à Cannes...
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A la fin du XIXe siècle, un claque vit ses derniers jours sous la férule de Madame (Noémie Lvovsky). Les dix pensionnaires y vivent un enfermement ponctué de considérations pratiques (le prix du savon) et de litanies de fantasmes tordus (les clients). Bertrand Bonello retrouve la veine de "Tiresia" pour décrire un monde à l’agonie. Entre réminiscences de Max Ophüls, allusion à "l’Homme qui rit", de Victor Hugo, et fulgurances surréalistes (les fameuses larmes de sperme), il crée un univers sensoriel que sa splendeur étouffe et clôt l’ensemble d’un épilogue peu convaincant. On répugne, malgré tout, à bousculer un film dont l’ambition manifeste dépasse de loin les autres sorties de la semaine. Et puis Bonello (grâce à ses comédiennes, toutes formidables) filme admirablement la tristesse.
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la chair est si triste qu’on finit par trouver le temps long dans ce bordel pourtant riche de mystères et de contradictions.