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Aux débuts des seventies, la « révolution argentine » (doux euphémisme pour qualifier la dictature militaire) connaît ses derniers feux. C’est à ce moment-là que le pays voit surgir un ange noir, un sale gosse à la gueule parfaite qui va voler et tuer à foison sans une once de culpabilité. En adaptant ce parcours criminel en fiction, le cinéaste Luis Ortega ne cache pas sa fascination pour ce sombre héros que sa mise en scène s’emploie à ériger en obscur objet de désir. La caméra épouse toutes ses formes, érotise chacune de ses actions. Pourtant, nulle complaisance ici, ni psychologie de bazar, mais l’impression d’un enivrant voyage au bout de la nuit qui, sous ces atours sexy, révèle la face sombre d’un pays comme sidéré et anesthésié. Il y a du Pablo LarraÍn chez Luis Ortega dans cette façon de donner à son film des allures de messe noire.