Première
par Gérard Delorme
Nuri Bilge Ceylan affirme que pour trouver son chemin, il faut commencer par se perdre. C’est ce que font ses personnages – et, à leur suite, les spectateurs –, dans ce film dont on ignore encore qu’il raconte l’histoire d’une révélation (celle-ci n’arrivera qu’après 2 h 30 de fausses pistes). Au début, tout le monde croit savoir qu’un homme est mort et qu’il faut retrouver son corps, le cinéaste décrivant cette quête avec un extraordinaire souci du détail. C’est aussi un peu une épreuve car la recherche est longue, incertaine et semée d’erreurs de parcours. Mais les choses sont ainsi faites et, au fond, Ceylan ne fait qu’imiter la vie, avec une force stupéfiante. Petit à petit, l’un des personnages principaux se révèle et, progressivement, il comprend que, jusqu’à présent, il avait vécu dans l’illusion. Comme dans la réalité, l’effet est assez puissant pour changer sa façon de voir l’existence. Très impressionnant.