Première
par Christophe Narbonne
Depuis quand Tom Cruise n’avait-il pas incarné un personnage “normal” (ni comique, ni distribuant des baffes ou volant de cascades en cascades) ? Si l’on ne se trompe pas, cela remonte à 2008 et à Walkyrie. Un bail, donc. Barry Seal : American Traffic vient nous rappeler à point nommé combien la star américaine est un acteur complet, aussi à l’aise dans la séduction canaille que dans l’enracinement réaliste ou la présence muette charismatique. Barry Seal, au cœur du scandale de l’Irangate en raison de ses doubles liens troubles avec le cartel de Medellin et la DEA (l’agence américaine de lutte contre la drogue), était le personnage romanesque rêvé pour lui –et peut-être la contrepartie indé accordée par Universal pour qu’il joue dans La Momie.
Un rythme fou fou
Fidèle à son style énergique, caméra à l’épaule, cut et cool, Doug Liman synthétise en deux heures électrisantes les paradoxes incroyables de l’Amérique reaganienne, prête à tout, même à contourner la loi, pour défaire les sandinistes (communistes) au pouvoir au Nicaragua. Pour ce faire, la CIA puis la DEA vont recourir au service de notre fol aventurier, ex-pilote de la TWA prêt à tout pour s’enrichir. Filmé à cent à l’heure pour couvrir les huit ans que durèrent les pérégrinations absurdes de l’intéressé (obligé de décoller de pistes impossibles, jouant à cache-cache avec les avions des douanes américaines, atterrissant en plein centre-ville…), Barry Seal : American Traffic confond parfois vitesse et précipitation, négligeant ici et là quelques personnages secondaires et sacrifiant parfois l’émotion sur l’autel du rythme. L’insolence retrouvée de Tom Cruise, mise en valeur par les choix de Liman, éclipse cependant toutes nos réserves –mineure