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Fascinante carrière que celle de Kiyoshi Kurosawa. Faite d’accélérations et de ralentissements, d’amour pour le cinéma de genre et de gestes d’auteur, d’obsessions interconnectées (la dislocation de la cellule familiale, l’influence des morts sur les vivants, le parasite comme métaphore de l’aliénation) et de flottements contagieux, de grands films à petite échelle (Tokyo Sonata, son chef d’œuvre de 2008) et de petits films à grand retentissement (Shokuzai, commande pour la télévision nippone). On le croyait installé dans une maturité poétique (Vers l’autre rive, 2015) ? Il renoue avec sa jeunesse dans un thriller pervers (Creepy, 2017). Présenté au dernier Festival de Cannes, Avant que nous disparaissions bénéficie, une fois encore, de cette capacité de réinvention. L’histoire, complexe, de ces extraterrestres prenant forme humaine pour voler (littéralement) nos concepts dès qu’on les énonce, engage le film sur la voie d’une comédie philosophique à combustion lente. Comme souvent chez Kurosawa, les codes du fantastique procèdent du glissement de nos perceptions, pour opérer une critique féroce (ici moins sombre que farceuse) de la société moderne. Mais à mesure que les enjeux se dévoilent, c’est le mélodrame qui revient à la charge et, avec lui, une émotion vive et simple, d’autant plus surprenante qu’elle éclot dans un environnement particulièrement instable. C’est le meilleur effet spécial du film, celui qui consolide son lien avec la filmographie du Japonais et signe sa singularité, entre fantaisie ébouriffée et romantisme de fin du monde.
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- Avant que nous disparaissions
Avant que nous disparaissions
Première
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