-
Arrietty... confirme ce que Les Contes de Terremer avait établi en 2007, à savoir que le studio Ghibli a définitivement franchi un cap. Fini le temps de l’entreprise artisanale presque exclusivement dédiée aux films de ses fondateurs, Isao Takahata et, surtout, Hayao Miyazaki. Le studio obéit aujourd’hui à une logique industrielle, avec une capacité à produire des longs métrages d’animation possédant une identité inimitable et un standard de qualité extrêmement élevé (...) Confiée à un vétéran de la maison, la réalisation est dépourvue des éléments de démesure et de surréalisme qui hissent les films du maître à un niveau supérieur. Malgré tout, Arrietty... contient assez d’éléments séduisants (fluidité de la mise en scène, décors somptueux) pour satisfaire non seulement le public jeune auquel il s’adresse en priorité, mais aussi les amateurs d’animation en général
Toutes les critiques de Arrietty, le petit monde des chapardeurs
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
par Yann Lebecque
(...) Arrietty est un joli conte parfaitement maîtrisé et balisé, qui plaira au plus grand nombre à défaut de pleinement satisfaire les fans de Miyazaki et du studios Ghibli, lesquels attendront donc avec impatience les deux prochaines productions annoncées de la firme.
Autour de l'histoire d'amour impossible entre Arrietty et Sho, esquissée avec une émouvante pudeur, Yonebayashi entreprend avec ses chapardeurs un saisissant travail de « récup' », fourmillant de détails insolites et d'objets réutilisés. Observateur, il n'oublie pas non plus d'appliquer les proportions réalistes à son micro-univers fait de bric et de broc, créant ça et là nombre d'effets saisissants dans un cadre quotidien, comme les gouttes d'eau par exemple, qui sorties d'une théière de poche ou d'un œil attristé de chapardeur, paraissent énormes. Dans le créneau thématique habituel du Studio Ghibli, à savoir une éternelle défense de la nature aux accents écolos, Yonebayashi s'amuse à bouger un peu les lignes (au début du film, un gros chat est attaqué par un oiseau), et replace l'humain au cœur des débats. De manière inattendue, le sort cruel réservé aux chapardeurs par la machiavélique domestique dans le décor douillet de cette paisible demeure nippone fait écho aux expulsions des minorités qui sévissent actuellement dans les pays riches, et par exemple en France avec les Roms.
Un double discours transparaît dès lors dans ce film d'animation plus engagé qu'il n'y paraît, prônant d'une part la défense morale de ces « petits humains » en voie de disparition, et d'autre part, l'émergence d'une économie alternative, durable, basée sur le recyclage. Anti-xénophobie et anti-capitaliste, le nouveau Ghibli ? Ben oui.
Dans l'ombre, il n'y a qu'une seule règle : ne jamais se faire voir, au risque de mettre en péril leur existence tranquille. Aux abords d'une rencontre imprévue, les préjugés vont tomber pour laisser place à une grande amitié. Hiromasa Yonebayashi s'amuse avec les différences pour créer une aventure palpitante où les couleurs s'entremêlent, dans une fresque riche en détail et textures. L'aventure Arrietty... laissera l'étrange sentiment d'avoir vu un fragment de rêve et de ne pas en avoir eu suffisamment pour se rassasier.
Avec son graphisme subtil et sa poésie constante, ce dessin animé apporte un souffle de fraîcheur bienvenu au cœur d'une production où relief et images de synthèse tiennent le haut de l'affiche.
Animateur chevronné du Studio Ghibli, Hiromasa Yonebayashi signe un premier film enchanteur où chaque sortie d’Arrietty, filmée à son échelle, vire à l’aventure extraordinaire.
Du jardin à la maison de poupées, les images sont d’une telle beauté que l’on voudrait y vivre!
La qualité de l'animation est irréprochable, la formidable énergie mobilisée est principalement dirigée vers la mise en scène de la nature - le bruissement des feuillages, les herbes qui bougent au passage des petites créatures. Si l'on doit chercher un trait qui distinguerait ce film de ceux réalisés par Miyazaki, on le trouvera peut-être dans un certain maniérisme, dans un souci maniaque du détail duquel le vieux maître s'était éloigné avec la - très relative - stylisation graphique de Ponyo sur la falaise. Ce luxe graphique ne va jamais jusqu'à entraver la fluidité du récit et des mouvements, et Arrietty reste de bout en bout un enchantement.
Pour son premier film, Hiromasa Yonebayashi, jeune réalisateur du studio Ghibli, signe une œuvre intimiste mélancolique sous l’influence de Miyazaki.
Hayao Miyazaki, qui signe le scénario et supervise le projet, rêvait depuis longtemps d'adapter The Borrowers, roman anglais pour enfants de Mary Norton. Il en a confié la réalisation à l'un de ses collaborateurs du Studio Ghibli, mais on retrouve tout son univers dans cette d'histoire de gentils « parasites ». Ils sont devenus de lointains cousins de la farouche Princesse Mononoké ou du débonnaire Totoro, les représentants d'un monde enchanté en voie de disparition. Bien sûr, avec Miyazaki, le conte ne reste pas entre quatre murs. Il s'ouvre tout grand sur un jardin bruissant, une nature radieuse, luxuriante, à la beauté presque sacrée, pinceaux et pastels, dieu Oxygène et fée Chlorophylle.
A l’instar de Ponyo sur la falaise (2008), Arrietty raconte l’amitié entre deux êtres qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Une fois encore, on est frappé par la délicatesse de l’animation du studio Ghibli, par la sensibilité du scénario de Miyazaki, qui a su s’affranchir du récit original pour imprégner ses thèmes de prédilection : la protection de la nature, la société contemporaine en crise, la cellule familiale qui implose.
Visuellement, c'est prodigieux; sur le fond, c'est une toute autre histoire...