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Dans Adoration, un ado sème le trouble en réinventant les circonstances de la mort de sa mère, jusqu’à croire lui-même à cette version. S’il se perd un peu dans le dense labyrinthe existentiel qu’il compose, Egoyan esquisse un sidérant portrait du monde actuel, aux repères de plus en plus flous. Dommage qu’il faille assembler soi-même les morceaux du puzzle pour qu’apparaisse la pertinence d’un tel film. Voir revenir, après une poignée de réalisations ineptes, ce cinéaste à de belles ambitions est
une excellente nouvelle. À nous rendre impatients de voir la suite.
Toutes les critiques de Adoration
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Paris Matchpar Alain Spira
A la fois fascinant et excessif, ce film à tiroirs ferme mal, tant le réalisateur a voulu y mettre de choses.
- Le Mondepar Jean-Luc Douin
Gorgé de personnages à culpabilité, saturé d'incidences historiques, rythmé par une série de révélations (...), le film d'Atom Egoyan use de tant d'éléments codés que les enjeux du nœud psychologique de Simon [personnage principal] finissent par perdre toute résonance émotionnelle, asphyxiés par un dispositif labyrinthique.
- Téléramapar Jérémie Couston
Atom Egoyan a-t-il définitivement perdu la main ? Depuis une dizaine d'années, chaque nouveau « film malade » du réalisateur canadien ne fait qu'accroître la nostalgie pour Exotica et De beaux lendemains. (...) Les flash-back d'Exotica qui dévoilaient peu à peu le secret de la baby-sitter strip-teaseuse étaient captivants. Ceux d'Adoration sont redondants et inutilement chargés de symboles. Egoyan peine à composer son puzzle. La cérébralité l'emporte sur les sentiments.
- Fluctuat
Tentant de mettre ses thématiques de prédilection au goût du jour, Atom Egoyan traite avec Adoration du terrorisme et de la place d'Internet, par le biais du trouble identitaire d'un adolescent. Mais la mollesse de l'ensemble pointe lourdement les limites d'un système éculé.- Exprimez-vous sur le forum cinéma Attaché à la cohérence de son oeuvre, Atom Egoyan développe film après film son obsession pour les faux-semblants. Cherchant à s'adapter à son époque, Adoration décline ce thème sur fond de conflit des mémoires et de danger planétaire. Le personnage principal, Simon, est un orphelin qui s'interroge sur l'implication de son père dans des évènements terroristes remontant aux années 1980.Adoptant la forme d'un puzzle chronologique et d'une mosaïque communicationnelle (solitaire, Simon a pris l'habitude de discuter par webcam avec tout un panel d'interlocuteurs), le film échoue à rendre consistante sa demi-douzaine de personnages, qui étouffent sous des tunnels de dialogues et une mise en scène tristement léthargique. Atom Egoyan veut guetter l'immersion lente de la vérité et dénouer les liens entre ses personnages, mais ce projet était autrement plus réussi dans La Vérité nue. A force de brasser de façon abstraite des notions comme le terrorisme, les camps de concentration ou le négationnisme - à travers des tatouages d'internautes -, le cinéaste canadien accouche d'un film absent à lui-même, habité par des êtres qui ne sont que les réceptacles d'idées qui les dépassent. Puisqu'il manque à Adoration un centre esthétique et thématique, les scènes qui auraient pu être chargées d'intensité (comme la mise à mort symbolique du grand-père) ratent leur objectif. Et ce ne sont pas les différents jeux avec des écrans - d'ordinateurs et de téléphones portables -, très loin de la pertinence d'un Redacted, qui peuvent offrir au film la cohérence qui lui fait défaut. Il fallait une ambition certaine pour vouloir tirer sur trois générations le portrait d'une famille à l'héritage troublé. Mais, perdu par le systématisme de ses procédés, Atom Egoyan signe un film déjà démodé, cruel paradoxe pour un récit qui se voulait aux confluents de la mémoire et des nouvelles technologies.AdorationDe Atom EgoyanAvec Arsinee Khanjian, Scott Speedman, Rachel BlanchardSortie le 24 septembre 2008 - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils festival de cannes, sélection officielle, réalisateur sur le blog cinéma- Lire la critique du Voyage de Felicia