Toutes les critiques de 17 Blocks

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    C’était il y a 20 ans, un soir de 1999. Le journaliste Davy Rothbart passe devant un terrain de basket dans les rues de Washington, remarque deux frères de 15 et 9 ans en train d’y jouer, les aborde puis, de fil en aiguille, va se lier d’amitié avec eux et leur famille et offrir au plus jeune, une caméra quand il exprime son envie de devenir cinéaste. 17 blocks (la distance entre leur maison du Capitole) est le fruit de ce geste. Vingt années qui retracent des (rares) moments de joie et des tragédies vécus par cette famille afro- américaine, vues de l’intérieur et encapsulées par Rothbart en 95 minutes. Vingt années d’espoirs fracassés sur le mur impitoyable de la réalité mais jamais totalement éteints au cœur d’un quartier considéré comme le plus dangereux du pays. Vingt ans des dégâts causés directement ou indirectement par la petite délinquance, l’argent facile des trafics de drogue, la banalité de cette violence (aussi subie qu’alimentée) qui vous fait régulièrement perdre un frère, un fils, un ami. Tel un Boyhood en mode documentaire, 17 Blocks raconte cette Amérique des déclassés à travers deux générations d’une même famille, dont on devine vite qu’un ou plusieurs de ses membres auxquels on s’attache vont connaître un sort funeste. De l’infiniment grand à l’infiniment petit, cette chronique aussi sociologique qu’intime vous serre le cœur et met des visages sur des statistiques. Avec empathie mais sans angélisme.