"Je ne sais pas pourquoi ça n’a pas marché", avouait le producteur du drame lors de sa sortie en DVD.
"Avril 1988, Île d'Ouvéa, Nouvelle-Calédonie.
30 gendarmes retenus en otage par un groupe d'indépendantistes Kanak.
300 militaires envoyés depuis la France pour rétablir l'ordre.
2 hommes face à face : Philippe Legorjus, capitaine du GIGN et Alphonse Dianou, chef des preneurs d’otages.
À travers des valeurs communes, ils vont tenter de faire triompher le dialogue.
Mais en pleine période d'élection présidentielle, lorsque les enjeux sont politiques, l’ordre n’est pas toujours dicté par la morale...
Une épopée violente et trouble qui marque le retour de Mathieu Kassovitz devant et derrière la caméra."
Ce soir, France 4 rediffusera à partir de 21h L’Ordre et la Morale, réalisé et interprété par Mathieu Kassovitz. Un film très intéressant, qui est pourtant passé inaperçu au cinéma. Lors de sa sortie en DVD, en avril 2012, son producteur Christophe Rossignon revenait sur ce projet historique fort, qui aurait mérité de mieux marcher. Avant de le (re)voir sur le petit écran, nous republions cet entretien sans langue de bois.
L’Ordre et la Morale, de Mathieu Kassovitz, devait signer le retour de l’enfant terrible du cinéma français. Mais le come-back s’est transformé en déroute. Explications avec Christophe Rossignon, le producteur du film.
Un sujet politique qui sent le soufre, la puissance d’une mise en scène monstre et une approche dialectique : L’Ordre et la Morale devait être le retour en grâce de Kassovitz. On aura finalement assisté à sa crucifixion. Fin 2011, alors que le cinéma français triomphait, L’Ordre et la Morale a enregistré des résultats désastreux et incompréhensibles au box-office. La sortie DVD du film aurait dû permettre d’y voir plus clair, mais Kasso est indisponible, et son producteur, Christophe Rossignon, sur le carreau : "Ça a été super violent, confesse ce dernier. J’ai beau essayer de comprendre, je ne sais pas pourquoi ça n’a pas marché. Du coup, j’accepte les explications qu’on me donne. On me dit qu’on est en pleine “crise”, que les films politiques n’intéressent pas les gens. Je veux bien y croire."
Lire la critique de L’Ordre et la morale
Fucking Kassovitz
D’autres hypothèses ont été avancées. Le public ne s’intéresserait pas aux événements d’Ouvéa ("c’est malheureusement vrai - et grave") ; le triomphe de films français plus fédérateurs n’aurait pas aidé ("Intouchables et The Artist ont clairement été des pompes aspirantes"); et puis il y a eu les dérapages de Kasso. De sa colère contre le festival de Cannes - qui l’avait boudé - en passant par "l’enculage" du cinéma français sur Twitter, on ne peut pas dire que le réalisateur ait joué profil bas. De là à penser qu’il fut son pire ennemi... "Non, affirme Rossignon. L’une des premières choses que je lui ai dites, c’est : “Ne me pourris pas le film avec le 11 Septembre ou d’autres polémiques”. Il ne l’a pas fait... Ses autres déclarations se sont produites bien après. Avant la sortie, tout s’était bien passé." Le cinéma français peut donc aller se faire “enculer” ("c’est une réaction d’homme blessé : quand un animal est touché, soit il rentre dans sa tanière, soit il aboie plus fort...") : l’ordre (et la morale ?) de la distribution du film reste sauf. "La seule chose que je peux me dire aujourd’hui, c’est que le film est là, conclut Rossignon. Même avec ses défauts, c’est l’un de ses meilleurs."
Gaël Golhen
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