Griselda Gambaro est née en 1928 en Argentine. Elle grandit dans une famille modeste d'origine italienne.Depuis son plus jeune âge, elle se passionne pour la littérature et le théâtre et passe la plupart de son temps libre dans les bibliothèques publiques. Elle découvre alors les œuvres de dramaturges tels que Luigi Pirandello, Eugene O'Neill et Anton Tchekhov.En 1943, à la fin de ses études secondaires, elle fait ses premiers pas dans une maison d’édition avant de toucher au monde de la comptabilité et des affaires. Elle se marie avec le sculpteur Juan Carlos Distéfano, grâce auquel elle sera « émancipée », précise-t-elle dans La Voix des femmes de l'Amérique latine de Garfield et Evelyn Picón.Gambaro commence à écrire très jeune, mais son travail passe inaperçu. Elle avouera, elle-même, ses maladresses dues « probablement à son immaturité ». Elle commence à se faire connaître en tant qu’écrivaine, avec son deuxième ouvrage d'histoires courtes, Madrigal en ville. Elle remporte alors le prestigieux prix de la National Endowment for the Arts de l'Argentine, qui lui permet de publier son livre.Parallèlement, elle s’investit dans la création de l'Instituto Torcuato Di Tella (1958), à Buenos Aires, un institut avant-gardiste, où la sociologie se mêle sans vergogne à l'art. Durant les années soixante, l'institut devient « le lieu » des innovations artistiques et des expérimentations musicales et théâtrales. C'est sur les planches du théâtre que Gambaro met en scène quatre pièces, qui seront la clef de sa renommée internationale. Le succès des pièces montées sur les planches, Las paredes (1964), El desatino (1965), Los siameses (1967), et El campo (1971) est accompagné également du triomphe des textes développés parallèlement en prose notamment, El desatino, collection d'histoires courtes qui lui vaut le prestigieux Prix de la Emecé Publishers en 1964.Mais, au début des années soixante-dix, l'institut se voit contraint de fermer ses portes, à cause de la répression politique. Dans les textes de Gambaro, on retrouve un thème récurrent concernant les relations des gens au pouvoir oppressif. Ses personnages sont en même temps victimes et coupables. Les victimes se trouvent dans des situations où elles sont complètement impuissantes à réagir contre la cruauté de leurs oppresseurs, puisque ceux-ci sont des amis ou des membres de la famille. Dans ses premières pièces, Gambaro reconnaît être la voix des femmes latino-américaines, qui sont largement concernées par le problème de la passivité. Comme pour se rapprocher de ses femmes, elle se dit elle-même « lâche et complètement passive ». Avec un style qui se rapproche de l'humour noir, elle n'hésite pas à mettre l'accent sur les absurdités de la situation politique argentine. Ses textes ne sont pas situés franchement en Argentine, mais dans un espace-temps assez identifiable et facilement reconnaissable. S'ajoute à son travail qui s'éloigne du réalisme, une action rarement linéaire et logique qui sème encore plus la terreur. Dans Las paredes, on ne comprend pas la raison pour laquelle le jeune homme est enlevé, interrogé et torturé par un agent et un gardien. Ces derniers s'adonnent à des séances de tortures, qui finissent par le briser complètement. À la fin de la pièce, la porte est grande ouverte, mais il ne parvient pas à quitter sa prison... Gambaro reste en Argentine, jusqu'au jour où son roman, Ganarse la muerte (1977), se fait interdire par le régime, dont Rafael Videla est le Président. Elle part s’exiler alors en Espagne, à Barcelone pendant trois ans. Dès son retour, elle participe avec quelques acteurs, metteurs en scène et écrivains à la mise en œuvre du Théâtre Ouvert, pour protester contre la répression du gouvernement. À la fin des années quatre-vingt, le climat politique s’apaise et l’Argentine se montre prête pour la démocratie. Gambaro publie Información para extranjeros en 1987. Le livre est écrit avec un style surréaliste exprimant bien la conviction de l’auteur selon laquelle, l’Argentine est un pays schizophrène partagé entre deux vies qui coexistent simultanément. « À la courtoisie et la générosité correspondent la violence et l’armée qui se déplacent parmi les ombres. » Dans cette pièce, elle aborde avec force la réalité de l’Argentine et de son passé militaire violent. Elle accuse chaque spectateur de rester passif, de sa propre situation, subissant ainsi les violences et les horreurs sans pouvoir se révolter.En exil, elle réussit à faire publier Ganarse la muerte en France, où elle était invitée. Elle a alors l’opportunité de rencontrer des figures féministes françaises, et de se documenter sur les problèmes propres aux femmes. « J'ai commencé à réaliser des choses que je n'avais ressenties que d’une manière instinctive, avant cette époque.»Dans un grand nombre de pièces, les personnages féminins sont forts, notamment la geisha Suki dans Del Sol Naciente, et dans Antigona Antigona Furiosa. Dans les pièces qui suivent, notamment Del Sol Naciente, on voit les personnages-victimes conscients de l’importance de leur union pour lutter contre l’oppression. Dans les années 90, la renommée de Gambaro dépasse les frontières de l’Amérique latine et l'Europe. Son travail investit également la scène américaine. Le ton s’adoucit et les thèmes touchent de plus en plus à la sphère de l’intime notamment avec Penas sin importancia.
Nom de naissance | Gambaro |
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Genre | Femme |
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