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Portrait d'un second rôle essentiel, John Hawkes

Moi, toi et tous les autres

Moi toi et tous les autres de <strong>&nbsp;</strong><strong><strong>Miranda July</strong></strong> (2005)<strong>Son rôle&nbsp;:</strong> Hawkes joue un marchand de chaussures viré par sa femme et qui tombe amoureux d?une cliente, jouée par la réalisatrice. Hawkes est super touchant en single dad tristounet, mais le film est une quasi caricature du cinéma choral arty new yorkais post <strong>Hal Hartley</strong>, tellement affecté qu?il risque à tout moment d?y laisser son potentiel de séduction.

En pleine tempête

En pleine tempête de <strong>Wolfgang Petersen</strong> <strong>Son rôle&nbsp;: </strong>un des copains d?équipage de <strong>Mark Wahlberg</strong> et de celui qui n?était pas encore Monsieur Nespresso. Il est dans la plupart des séquences du film, avec sa casquette en jean, sa bonne tête de marin et sa peau sur les os. Bizarrement, on ne le remarque pas encore, ce qui, pour un second rôle, peut AUSSI être une preuve de talent.

Deadwood

Deadwood de David Milch (2004-2006) <strong>Son rôle&nbsp;: </strong>Sol Star, commerçant juif et meilleur copain de celui qui deviendra presque malgré lui shérif de la ville (joué par Timothy Olyphant). Son histoire d?amour avec une jolie prostituée est l?un des meilleurs atouts romantico-romanesques d?une série qui en manque parfois. Très à l?aise dans le rôle de ce personnage au charme naïf, Hawkes y gagne ses galons d?«&nbsp;acteur de complément&nbsp;» qui apporte vraiment quelque chose.

L'histoire primordiale des rôles secondaires

<strong>Episode 1&nbsp;: <strong>John Hawkes</strong></strong><strong>par Guillaume Bonnet</strong>pagebreakFolk singer, joueur de banjo, cow-boy, artiste, nez, <strong>John Hawkes</strong> est tout cela. Il est surtout un sacré acteur, second rôle de profession, qui a malgré tout su se forger un univers et imposer l?esthétique du «&nbsp;<strong>John Hawkes</strong> movie.&nbsp;» Mais comment est-ce possible&nbsp;?pagebreakCe genre de coïncidence n?échappe pas au chroniqueur cinéma : <strong>John Hawkes</strong>, sa petite barbiche pointue, son nez coupant, son visage acéré, ses yeux fous, sa silhouette de vautour décharné est le second rôle terrifiant de Martha Marcy May Marlene, comme il était celui de Winter?s Bone l?an dernier.<em>Winter?s Bone</em>, révélation du festival de Sundance 2010, qui lança la jeune <strong>Jennifer Lawrence</strong>, surfant depuis sur la vague de la célébrité comme x-woman, hunger girl et bientôt copine de <strong>Bradley Cooper</strong> dans la rom com <em>The Silver Linings Playbook</em>. <em>Martha Marcy May Marlene</em>, révélation du festival de Sundance 2011, qui lança la jeune <strong>Elizabeth Olsen</strong>, «&nbsp;s?ur de&nbsp;» et à son tour en route pour la starification. A un an d?écart, Hawkes aura donc été deux fois coup sur coup le «&nbsp;supporting actor&nbsp;» et le mentor à l?écran d?une jeune starlette blonde aux formes généreuses, dans deux films Sundance qui se ressemblent aussi par leur budget&nbsp;et leur positionnement (le cinéma indéricain pour adultes, très «&nbsp;auteur&nbsp;» mais à la frontière du genre). Dans les deux films, il balance vis-à-vis de la jeune fille entre une image grand frère rassurant et une autre de grand méchant loup, mais pas dans le même ordre. <em>«&nbsp;Oui, c?est frappant, les deux rôles sont en miroir, ils ont des itinéraires inversés dans le regard du spectateur, passant de l?ombre à la lumière pour le premier, de la lumière à l?ombre pour le second. »</em>pagebreakLes acteurs secondaires sont une race à part. Quand un spectateur a l?impression de les voir souvent, c?est soit qu?ils acceptent d?apparaître dans tout et n?importe quoi, soit qu?il s?avère qu?ils sont dans des films qui se ressemblent et qui ressemblent à ce que le spectateur en question a envie de voir? Et ça, ce n?est plus une coïncidence mais déjà presque une ?uvre qui, dans le cas de Hawkes, est riche de près de quatre-vingt titres.pagebreakDe fait, <strong>John Hawkes</strong> n?est pas dans deux films aussi proches par hasard.&nbsp;Il y est parce qu?il a une âme d?artiste, un univers qu?il transporte avec lui, et qui évoque le Minnesota où il a grandi, entre poésie bucolique, grands paysages décharnés, white trashitude et «&nbsp;old tyme America ». Ces dernières années ont été celles de son explosion dans des films de plus en plus importants (apparitions dans Miami Vice de Mann, American Gangster de Scott&nbsp;Lincoln de Spielberg bientôt), après être passé par des seconds rôles de premier plan dans la série western <em>Deadwood</em> ou la sitcom white trash <em>Eastbound & Down</em>, preuves que son emploi naturel n?est jamais très éloigné de l?évocation d?une americana mélancolique.pagebreakDans <em>Winter?s Bone</em> comme dans <em>MMMM</em>, on le voit gratouiller des airs folks sur une guitare ou un banjo. Pas un hasard non plus, il était jusqu?à récemment membre du groupe King Straggler et prépare son premier album solo, <em>«&nbsp;qui a des chances d?être aussi le dernier. Je suis un team player, je préfère être entouré, partager la prise de décision et la mise en avant.&nbsp;» </em>Voilà qui donne aussi un bon éclairage sur son attitude vis-à-vis de son travail cinéma. A l?autre bout du fil, en ce mois de janvier 2012, <strong>John Hawkes</strong> est pour la troisième fois de suite à Sundance, pour un film dont le titre lui ressemble, <em>The Surrogate</em> («&nbsp;le substitut&nbsp;»). <em>«&nbsp;Oui, c?est moi le ?surrogate?, et c?est un paradoxe, parce que cette fois, j?ai le premier rôle du film. Ça m?est déjà arrivé, mais ça me fait toujours un peu drôle.&nbsp;»</em> Voilà en tout cas un film que le «&nbsp;spectateur en question » ne manquera pas d?aller voir. Un bon «&nbsp;<strong>John Hawkes</strong> movie&nbsp;» ne se refuse pas.

Winter's bone

Winter?s Bone de <strong>Debra Granik</strong> (2010)<strong>Son rôle&nbsp;:</strong> Difficile de faire plus différent du précédent. Il joue Teardrop, l?oncle méchant loup qui prend la petite <strong>Jennifer Lawrence</strong> sous son aile, pour l'aider à chercher le cadavre de son père sous la menace de bouseux trafiquants de crystal meth qui ne sont pas là pour rigoler. La séquence où Hawkes menace le flic du coin en lui montrant son shotgun dans le reflet de son rétroviseur fait froid dans le dos<strong>. </strong>Un rôle fabuleux, qui lui a valu des dizaines de prix et de nominations dans les festivals du monde entier.

Eastbound and Down

Kenny Powers de <strong>Danny McBride</strong> et <strong>Jody Hill</strong> (2009-2012) <strong>Son rôle&nbsp;:</strong> Dustin, le frangin bien élevé et doux comme un agneau du beauf hystérique Kenny Powers, joué avec génie par la moustache de <strong>Danny McBride</strong>. La petite vie pavillonnaire américaine a rarement trouvé incarnation plus «&nbsp;normale » et sans histoire que l?air faible et falot que se donne <strong>John Hawkes</strong>, en contraste avec la vulgarité stéroïdée de McBride.

Miami Vice

Miami Vice de <strong>Michael Mann</strong> (2006) <strong>Son rôle&nbsp;: </strong>Juste quelques plans sur l?autoroute, il joue Alonzo Stevens, un indic en panique, persuadé que sa couverture a été «&nbsp;brûlée&nbsp;» et que sa famille est en danger. Quelques minutes après, il se suicide après avoir découvert le cadavre de sa femme.

American Gangster

American Gangster (2007)<strong>Son rôle&nbsp;: </strong>Freddie Spearman, l?un des enquêteurs clefs qui parviennent à «&nbsp;retourner&nbsp;» un cousin du parrain black Franck Lucas pour le faire tomber. Hawkes continue à faire son trou. Mais ce n?est pas lui faire injure que d?affirmer que sa citation au «&nbsp;Screen Actor Guild Award for Outstanding Performance by a Cast&nbsp;» doit davantage à des gens comme Russell Crowe, Denzel Washington, Josh Brolin ou Cuba Gooding Jr. qu?à sa propre performance.

Martha Marcy May Marlene

Martha Marcy May Marlene de <strong>Sean Durkin</strong> (2011)<strong>Son rôle&nbsp;:</strong> Patrick, le gourou souriant à la Charles Manson qui joue des balades folks pour ses jeunes recrues avant de les violer la nuit et de leur apprendre à manier les armes à feu en abrégeant les souffrances de chats en phases terminales de cancer. Très inquiétant. <em>«&nbsp;Oui, </em>rigole-t-il,<em> d?ailleurs, ça fait bien marrer les gens qui me connaissent bien. Mais pour jouer ce genre de personnages, je ne dois pas chercher très loin, j?ai beaucoup côtoyé ce monde white trash pendant ma jeunesse dans le Minnesota. »</em>

Folk singer, joueur de banjo, cow-boy, artiste, nez, John Hawkes est tout cela. Il est surtout un sacré acteur, second rôle de profession, qui a malgré tout su se forger un univers et imposer l’esthétique du « John Hawkes movie. » Mais comment est-ce possible ?