Le site MK2 Curiosity exhume ce court-métrage tourné par la cinéaste française à Oakland, en 1968.
C’est un reportage de 28 minutes, tourné à l’origine pour la télévision française, mais qui ne fut finalement pas diffusé. Le site MK2 Curiosity, qui met en ligne gratuitement, depuis le début du confinement, des pépites et curiosités de l’histoire du cinéma, donne à voir cette semaine Black Panthers, qu’Agnès Varda a filmé en Oakland, en 1968. Un documentaire qui prend bien sûr une résonnance nouvelle alors que l’Amérique, ébranlée par le meurtre de George Floyd, est en train de vivre un moment historique et de questionner en profondeur le racisme de sa police.
Pourquoi Agnès Varda a toujours eu un temps d’avanceArrivée aux Etats-Unis en 1967, Varda y filmera à la fin des sixties plusieurs documentaires (Uncle Yanco, Lions Love…), qui témoignent du vent nouveau qui souffle alors sur le pays. Dans Black Panthers, elle saisit le Black Panther Party à un instant crucial : son co-fondateur Huey Newton est incarcéré, accusé d’homicide involontaire, et soutenu par ses troupes, qui militent pour sa libération – "Free Huey !". On entend dans le film de grandes figures du mouvement, Stokely Carmichael, Eldridge Cleaver, Kathleen Cleaver, et Newton lui-même, que Varda, accompagnée de son assistant Pascal Thomas, avait pu interviewer en prison. A propos de son film, la cinéaste disait, comme on peut le lire dans un texte mis en ligne par Trois Couleurs :
"Black is beautiful. Noir c’est noir, et l’Histoire ondule de mouvements en mouvements. 1968. En France, depuis le mois de mai, les revendications et les espoirs s’expriment violemment. Aux États-Unis, la communauté noire s’active autour du procès d’un leader des Black Panthers. Ce parti, ce mouvement, veut agir et établir des théories et des pratiques : Mind and Body Theory. Pascal Thomas obtient qu’on filme un entretien dans la prison de Huey Newton. Moi je viens de Los Angeles dès qu’il y a une manifestation, un meeting ou une marche. Je dis « French Television », je souris et je circule librement parmi les grands Noirs qui font leur entraînement.
Je filme avec une caméra 16 mm prêtée par des activistes de l’Université de Berkeley. Les leaders font leurs discours : Bobby Seale, Eldridge Cleaver… Les femmes aussi expriment leur désir d’agir, de prendre des décisions et leur fierté d’être noires. Quant aux enfants, ils dansent sur l’air de : « Il faut Libérer Huey ! Il faut Libérer Huey ! ». Je crois que ce film court témoigne d’un moment précis et court de l’Histoire tourmentée des Noirs Américains."
Black Panthers d’Agnès Varda est pendant quelques jours encore à découvrir ici.
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