Alain Resnais et ses acteurs fétiche Sabine Azéma, Pierre Arditi et André Dussollier sont à l’honneur ce soir dans Place au cinéma, présenté par Dominique Besnehard sur France 5.
La cinquième adaptation d’une pièce d’Henri Bernstein
Mélo met en scène un violoniste qui invite à dîner un de ses amis virtuoses à dîner sans se douter que sa femme et lui vont s’éprendre passionnément l’un de l’autre. Son réalisateur Alain Resnais adapte ici une pièce écrite par Henry Bernstein (qui faut aussi entre 1926 et 1939 le patron du Théâtre du Gymnase) en 1929. Bien avant lui, Paul Czinner fut le premier à la porter à l’écran et ce à trois reprises. D’abord en 1932 où il avait repris le casting de la pièce - Gaby Morlay en tête - avant de signer dans la foulée une version allemande, Der träumende Mund puis d’y revenir en 1937 avec une version anglo- saxonne, Troublant amour. Et, en 1953, ce fut au tour du slovaque Josef von Baky avec Le Rêve brisé et Maria Schell (qui, trois ans plus tard, remporta le prix d’interprétation à Venise pour Gervaise). En s’emparant de cette pièce, Alain Resnais croise pour la première fois théâtralité et cinéma, aspect qui sera central dans la suite de sa carrière.
Un film charnière dans la carrière d’Alain Resnais
Melo arrivait à un moment particulier dans le parcours d’Alain Resnais. Après le carton de Mon oncle d’Amérique en 1980 (et ses 1,3 millions d’entrées), il venait de connaître deux revers d’affilée en salles. D’abord avec La vie est un roman et 300 000 entrées en 1983 puis L’Amour à mort et ses 350 000 spectateurs un an plus tard. Mais il aborde cette sorte de défi en gardant sa confiance déjà à l’œuvre dans son précédent film : Pierre Arditi- Sabine Azéma- André Dussollier et Fanny Ardant. Mélo réussira à se hisser au- dessus du demi- million de tickets vendus mais connaîtra surtout quelques mois plus tard une cérémonie des César des plus heureuses. Certes les trophées du meilleur film et réalisateur sont venus récompenser Thérèse d’Alain Cavalier mais Mélo est reparti avec deux statuettes : Sabine Azéma en meilleure actrice face notamment à Béatrice Dalle (37°2 le matin) et Juliette Binoche (Mauvais sang). Et Pierre Arditi en second rôle face à Jean- Louis Trintignant (La Femme de ma vie) ou encore Jean Carmet (Les Fugitifs). Dans sa carrière, Resnais a remporté 3 César du meilleur film (Providence, Smoking/ No smoking et On connaît la chanson) et 2 du meilleur réalisateur (Providence et Smoking/ No smoking).
La première des deux collaborations Alain Resnais- Marin Karmitz
C’est la première fois avec Mélo qu’Alain Resnais travaillait avec le producteur Marin Karmitz. Et dans cette même logique de défi, le cinéaste avait passé un accord avec lui pour tourner le film en seulement 20 jours, promesse qu’il a tenue. Pourtant déjà producteur aguerri de Padre Padrone des frères Taviani, Palme d’Or à Cannes en 1977, du Saut dans le vide de Marcho Bellocchio (avec deux prix d’interprétation sur la Croisette pour Anouk Aimée et Michel Piccoli) ou encore de Sauve qui peut (la vie) de Jean- Luc Godard, Karmitz expliquera que c’est à partir de cette aventure qu’il se mit à être fier pour son travail. Resnais et lui retravailleront ensemble sur I want to go home en 1989.
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