Avec des aliens punks, Claire Foy à l'asile, Ethan Hawke en DTV, des loups-garous brésiliens, des zombies français et Louis XVI.
Alors que l'année 2018 s'achève, alors que le top de la rédaction de Première a couronné Phantom Thread et que celui des lecteurs a reconnu Ready Player One, il est temps de faire le top des tops : celui des films qui sont peut-être passés sous votre radar cette année.
Une prière avant l'aube de Jean-Stéphane Sauvière
Comment faire un film de prison/arts martiaux qui ne soit ni racoleur ni nanar ? Demandez à Jean-Stéphane Sauvière, il a la recette : Une prière avant l'aube est une plongée salvatrice et élégiaque dans le corps et l'âme d'un gosse perdu. C'est beau.
Leave No Trace de Debra Granik
Un papa et sa fille ado vivent dans les bois, loin de la civilisation... L'utopique et sombre Leave No trace est un autoportrait de sa réalisatrice Debra Granik (Winter's Bone) qui, loin de tout studio, défriche une Amérique de légende.
Under the Silver Lake
Le LA Noir qui veut être le LA Noir ultime, labyrinthique et obsédant, cryptique et inépuisable. Déjà présent dans le top 10 de la rédaction, évidemment.
Paranoïa
Soderbergh filme avec son iPhone Claire Foy qui s'enferme dans un cauchemar kafkaïen, sans jamais prendre de haut ni son public ni son sujet.
Le 15h17 pour Paris de Clint Eastwood
On s'en veut un peu d'avoir laissé sur le quai le dernier Eastwood à son passage, et pourtant au-delà du film-fait divers Clint nous a brossé le portrait d'une certaine jeunesse américaine nourrie à la Bible et au M16 qui perd tous ses idéaux face aux réels. Bravo.
Donbass de Sergei Loznitsa
La traversée infernale et grotesque, et en plans-séquences ahurissants, d'une Ukraine contemporaine ravagée par la guerre. Le portrait d'une société mort-viante et corrompue, shooté comme un post-apo fellinien. Incroyable.
Un peuple et son roi de Pierre Schoeller
Une tentative de saisir toute la révolution française dans son ensemble, du pavé à la guillotine, pas toujours réussie. Mais sa dernière demi-heure démente -où l'on vote la mort de Louis XVI à grands coups de déclarations tragiques- est un des plus beaux morceaux de cinéma de l'année.
How to Talk to Girls at Parties de John Cameron Mitchell
HTTTGAP nous mélange invasion alien et création du punk : foutraque, sincère, amusant, énergique, bordélique, un film qui donne envie de foncer au pub trinquer avec tous les exilés de la galaxie.
The Spy Gone North de Yoon Jong-bin
Récit d’espionnage 90’s auscultant comment les rapports entre les deux Corées se sont soudainement réchauffés (puis immédiatement refroidis) via l’entremise d’un agent infiltré, The Spy Gone North est un grand thriller humaniste, cousin coréen du Pont des espions de Spielberg.
Okko et les fantômes de Kitarō Kōsaka
Une petite orpheline apprend à devenir aubergiste avec l'aide de fantômes espiègles, et voilà un très joli film d'animation qui va vous donner un appétit d'ogre. A table.
Amin de Philippe Faucon
D'une densité et d'une maîtrise remarquables, Philippe Faucon signe un film sur l’exil, la séparation et une histoire d’amour impossible. Digne, beau et sensible.
Dogman de Matteo Garrone
Les ruines de la banlieue de Naples, entre le théâtre antique et le western, où se noue un drame sanglant entre une brute droguée et un petit toiletteur pour chien. Le nouveau Matteo Garrone est un immense film noir qui n'a pas fait grand-bruit en salles. L'histoire jugera.
22 miles de Peter Berg
Alors que l'année 2018 a été marquée par la pauvreté des blockbusters (et même des films d'action en général), il était facile de passer à côté de 22 Miles. Un film étrange, à la fois actioner à concept et thriller mental, qui mitraille dans tous les coins et finit par faire mouche. Un nouveau coup au but de Peter Berg, après son superbe Traque à Boston.
Guy de Alex Lutz
On pensait que Dadidou allait devenir le tube de l'année. Perdu, mais on sait au fond de nous que le fan-club de Guy Jamet va grossir sur le long terme grâce au docu poignant et hilarant d'Alex Lutz consacré à notre idole. Tous en choeur !
Don’t worry, he won’t get far on foot de Gus Van Sant
Le dernier Gus Van Sant aurait-il pâti de la médiocrité de Nos souvenirs, le film précédent du cinéaste ? Dommage pour GVS qui remet son cinéma à l’endroit avec ce nouveau biopic sur un outcast magnifique -Joaquin Phoenix en tétraplégique alcoolo mais caricaturiste hors pair.
Les bonnes manières de Juliana Rojas et Marco Dutra
Ce film de loup-garou brésilien (vous lisez bien) brille par sa cruelle lecture de la société paulista qui prend plus de relief à l’aune des événements récents au pays de Neimar.
La Nuit a dévoré le monde
Marre des films de zombie interchangeables ? Rattrapez donc celui-ci qui cherche moins à aligner les scènes gore qu’à sonder l’intimité d’êtres rongés par la solitude et la culpabilité.
Last Flag Flying de Richard Linklater
Abusivement considéré comme un cinéaste expérimental pour critiques un peu snob, Richard Linklater (Boyhood) a signé l’un des plus beaux films de 2018, un portrait de groupe qui aborde le deuil, le stress post-traumatique, l’amitié virile avec une rare subtilité.
Tully de Jason Reitman
Les portraits sarcastiques minimalistes de Jason Reitman ont fini par lasser et Tully en a fait injustement les frais. Ce portrait bouleversant d’une mère en proie à un funeste baby blues méritait mieux qu’une indifférence polie.
Sur le chemin de la rédemption de Paul Schrader
Le nouveau Paul Schrader est sorti en DTV en France mais se retrouve bien placé dans les tops de tous les cinéphiles. Normal : mené par un Ethan Hawke génial en aumônier militaire en quête de vengeance, Sur le chemin de la rédemption est un drame carré et surpuissant, impeccable de maîtrise. Vous savez ce qu'on dite : "à rattraper d'urgence".
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