Les meilleurs films d'horreur du XXIe siècle
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Pour célébrer Halloween comme il se doit, voici notre top des plus grands films d'horreur sortis de 2001 à aujourd'hui, des Autres à The Strangers, en passant par Get Out ou It Follows.

20 - Mister Babadook (Jennifer Kent, 2014)

C'est toujours une joie indicible que de découvrir un auteur de cinéma -en l'occurrence, une autrice, et la réalisatrice Jennifer Kent fait justement d'être une femme le principe directeur de Mister Babadook. Elle va même encore plus loin que ça : et si l'horreur ultime, aujourd'hui, était d'être une mère célibataire, de concentrer tout le poids d'une société sur ses épaules ? Mais le Babadook est aussi une création de cinéma ultra flippante, utilisant toute la gamme des trucs de la child horror (qui sait les abominations qui hantent les jeux de nos enfants ? -ce genre de choses) pour devenir un vrai et redoutable film de flippe. Les mots "babadook... dook... DOOK !" resteront à jamais gravés dans la tête de son public. Et Jennifer Kent devint une autrice, et livra un autre chef-d'oeuvre quatre ans plus tard : The Nightingale. Qui parle de l'horreur d'être une femme, et d'être un indigène colonisé. On a hâte de voir son petit troisième.

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Mister Babadook
Wild Bunch Distribution

19 - L'Armée des morts (Zack Snyder, 2004)

La journée de travail est finie. On rentre chez soi, on salue les voisins, on dîne, on s'occupe des enfants, on se couche. Et lorsque le réveil sonne c'est la fin du monde. Les morts-vivants sont partout et Johnny Cash marmonne "The Man Comes Around" alors que l'apocalypse se déchaîne. Peut-être la meilleure intro, et le meilleur générique (signé Kyle "Seven" Cooper), de tous les films de cette liste. Mais le premier long de Zack Snyder, qui osait s'attaquer au Zombie de Romero (avec l'aide d'un script solide de James Gunn), est aussi une remise à jour esthétique du deuxième classique de George, aussi bien nourrie des fondamentaux du film de zomblard bien bis que de l'expérience 28 jours plus tard. Et, en fin de compte, c'est tout aussi radical que neuf. "Hear the trumpets, hear the pipers"...

L'armée des morts
Metropolitan Filmexport

18 - Saw (James Wan, 2004)

Le point commun entre un film d'horreur et une comédie, industriellement parlant, est le risque instantané de se transformer en franchise. Saw, l'original, ne semble désormais plus exister qu'en tant que patient zéro de sa propre industrialisation (et celle du torture porn yankee, un an avant Hostel), et pourtant, quand on le regarde en soi, rien que pour lui, quel pied ! Pardon pour la vanne involontaire, mais ce faux remake crado de The Game tourné dans une salle de bain est un incontournable de l'histoire du ciné d'horreur américain -aussi répugnant, ludique, réjouissant et monstrueux que les classiques du siècle d'avant.

Saw
Metropolitan FilmExport

17 - 28 jours plus tard (Danny Boyle, 2002)

La première collaboration entre Danny Boyle et le scénariste (pas encore réalisateur) Alex Garland a accouché de ce bijou d’horreur post-apocalyptique où Cillian Murphy se réveille dans un Londres vidé de ses habitants suite à une pandémie. Et le film de zombies n'allait jamais s'en remettre. Une nouvelle vision du genre shootée au cinéma numérique (le grain DV donne une impression d'urgence) qui aboutit à une version 2.0 de La nuit des morts-vivants, avec des infectés qui cavalent comme des athlètes de haut niveau. D’autant plus flippant qu’à l’époque il n’y avait pas de Brexit ! 

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28 jours plus tard
Twentieth Century Fox

16 - Border (Ali Abassi, 2018)

Quel beau titre, déjà : la frontière, c'est celle que garde l'héroïne, douanière au physique de troll dotée d'un flair surnaturel pour débusquer les délinquants ; c'est aussi la frontière sur laquelle elle se situe ; c'est là où est le film, entre thriller nordique limpide et mythologie. Mais pas comme les autres thrillers nordiques un peu relous. Pas du tout. Sous son aspect de film de flic carré avec un twist, Border est en fait un trip épatant, dingo et halluciné, monstrueusement beau, comme la rencontre de Lovecraft et Fincher. Sur une frontière, of course.

Meta Spark/Kärn Films
Le top 25 des meilleurs films d'horreur de tous les temps

15 - Dark Water (Hideo Nakata, 2002)

C’était l’époque où le cinéma de trouille japonais était en perte de vitesse et où le genre commençait à prendre de chemins tortueux pour foutre les miquettes ( (le cynisme du slasher, les comédies méta-potache ou les expériences à la Kurosawa, tout ça…). Et voilà que Nakata sort de son silence et offre cette pure terreur. Intrigue minimaliste (une mère divorcée tente de conserver la garde de sa fillette), effets simplifiés à l’extrême, décors oppressants (un appartement dans un immeuble désaffecté et hanté). L'horreur ne repose pas ici sur un arsenal d'effets spéciaux, mais sur un classicisme suprême : la mise à plat des névroses de l’héroïne, seul enfer véritable dans un monde où il n'est plus nécessaire de recourir au surnaturel pour (se) faire peur. Métaphore d’une jeunesse qui étouffe dans le Japon contemporain, grand film sur le pouvoir des mères, Dark Water est surtout, d’abord, le digne héritier de La Maison du diable de Wise ou des chef-d’œuvre de Tourneur : sens inouï de l'ellipse, et croyance absolue dans le pouvoir de la mise en scène. Un film aussi beau qu’horrible. On vous aura prévenu.

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Dark Water
Diaphana Distribution

14 - The Descent (Neil Marshall, 2005)

Six exploratrices explorent une cave, s'y retrouvent coincées... et doivent affronter une bande de protohumains cannibales. Evidemment, dites-vous, mais c'est justement sur le terrain de l'évident que The Descent mène son plus beau combat : celui d'abord de l'étouffement progressif, de l'horreur de cinéma canalisée par la claustro la plus directe, avant de se transformer en pur survival, sanglant et monstrueux, à la fin atroce. Mine de rien, beaucoup de monde tente de refaire The Descent depuis. Qui y est arrivé ?

The Descent
La Fabrique de films

13 - Bone Tomahawk (S. Craig Zahler, 2015)

Western versus film d'horreur. Quel genre gagne dans Bone Tomahawk ? Le débat a fait rage à la rédac (enfin, pendant dix minutes à la machine à café) pour conclure qu'on s'en foutait un peu, au fond. Que l'important est qu'on sera à jamais hantés par l'enfer que S. Craig Zahler réserve à ses héros virils (quel casting, bon sang, avec Kurt Russell et Patrick Wilson) lancés sur la piste de monstres cachés au cœur de son Far West d'apparence sagement classique. La Frontière américaine est aussi un espace de meurtres de masse. On le sait aussi grâce au cinéma du 20ème siècle (La Flèche briséeLa Porte du paradisBlue Soldier...), on s'en rappelle ce siècle-là grâce à Bone Tomahawk, pur film d'aventure, pur film d'horreur -pur western, en somme. On en reparle à la machine à café quand vous voulez.

Bone Tomahawk
The Jokers / Le Pacte

12 - L'Echine du diable (Guillermo del Toro, 2001)

C'est quoi, un monstre ? C'est quoi, un démon ? C'est quoi, Blade ? C'est quoi, un robot géant ? Une question liée au genre ouvre tous les films de del Toro : ici, c'est aussi beau qu'évident. "C'est quoi un fantôme ?" ici, c'est le fantôme de toutes les peurs : c'est le fantôme du fascisme dehors, c'est le souvenir d'une jambe coupée, c'est la mémoire des orphelins sacrifiés, c'est le spectre d'une bombe qui menace d'exploser, plantée au milieu d'un orphelinat -image de cinéma sidérante autour de laquelle le cinéaste organise un huis clos terrassant. Où il se range évidemment du côté des monstres.

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L'échine du diable
Carlotta Films

11 - La Cabane dans les bois (Drew Goddard, 2012)

L'horreur méta : quel terrain de jeu gonflant, quand même. Déjà enterré vivant par des gars comme De Palma et Carpenter au cours de la décennie 80, comment est-ce que La Cabane dans les bois a pu s'y frotter et surtout se transformer en un vrai, bon film ? Un truc d'équilibriste accompli par des pros du détournement respectueux (le Joss Whedon du Monde d'avant, surtout le Drew Goddard auteur du script brillant et déjà méta de Cloverfield), qui s'envisage comme une relecture rageuse de tous les trucs de scénariste et de creative writing gonflants. Mais aussi, et surtout, un vrai film-attraction, ultra fun, qui canalise un véritable amour du genre avec son twist épatant et son action débridée. Bref, un film de fan, avant que ce genre ne devienne la véritable horreur : le genre dominant à Hollywood.

La cabane dans les bois
Metropolitan FilmExport

10 - Jeepers Creepers (Victor Salva, 2002)

L’ouverture du film, l’une des scènes les plus fascinantes du film  donne le ton : une voiture sur une route de campagne, les passages répétés de camions menaçants et le fantastique qui déboule quand une bagnole s’arrête et que le conducteur balance un paquet… L’approche est frontale, asséchée et angoissante. De quoi s’agit-il ? Un frère (le meilleur rôle de Justin Long) et sa soeur se font poursuivre dans la cambrousse US par un croquemitaine visqueux et vicelard. Raconté comme ça, on pourrait craindre le énième road-movie direct-to video. Sauf que Victor Salva enchaîne les vignettes gothiques et les séquences de trouille avec un art suprême, l’agrémente d’un sous-texte cul vénère et bien tordu. Mais les tendances incestueuses et la parabole homo qui irriguent le film en souterrain ne sont qu’un des effrayant aspect de ce film veiné de crasse et de pulsions très flippantes.

Jeepers Creepers
BAC films

9 - Martyrs (Pascal Laugier, 2008)

Levez la main : parmi vous, fans d'horreur, qui a osé revoir Martyrs ? La réputation du deuxième long de Pascal Laugier n'est absolument pas usurpée. C'est peut-être le film de notre liste le plus dur à encaisser, aussi bien moralement que physiquement. Il y a chez certains cinéastes d'horreur la tentation de se poser en bourreau en chef de son public : disons que Martyrs illustre très bien cette généralité, en étant pas moins qu'un point de non-retour du torture porn, envisagé comme une nouvelle vision de cinéma. C'est peut-être discutable, mais ça n'en reste pas moins un sommet. Bon, qui veut le revoir ?

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Martyrs
Wild Bunch Distribution

8 - Midsommar (Ari Aster, 2019)

La façon dont le film d’Ari Aster est rentré dans l’inconscient collectif, avec cette image indélébile de Florence Pugh et sa couronne de fleurs, a quelque chose de fascinant. Visuellement fou, scénaristiquement cinglé, Midsommar sort l’horreur des clous. Un rejeton de de The Wicker Man qui embarque une poignée de touristes américains dans une secte païenne sous le soleil éclatant de l’été suédois, jusqu’à un final aussi surprenant qu’inattendu. Le réalisateur d’Hérédité (on s’excuse de son absence dans ce top) nous traumatise, et on en redemande. 

Midsommar - Florence Pugh
Metropolitan FilmExport

7 - It Follows (David Robert Mitchell, )

Creusant le filon qu’il avait commencé à exploiter sur The Myth of the American Sleepover, David Robert Mitchell a réussi l’impensable avec It Follows : déringardiser le film de malédiction. La recette de ce succès ? Mettre les pieds dans le plat du puritanisme américain, en personnifiant la peur du dépucelage à travers une entité démoniaque qu'on se refile comme une vilaine MST. Un coup de maitre qui invoque Carpenter et Lynch tout en dépoussiérant les plus vieilles ficelles du cinéma d’horreur. Et pas un coup de chance : Mitchell a depuis récidivé avec Under the Silver Lake (2018), qui a bien failli se glisser dans ce top… 

It Follows (2015)
Metropolitan Film Export

6 - All the boys love Mandy Lane (Jonathan Levine, 2006)

Longtemps invisible pour cause de frères Weinstein, All The Boys Love Mandy Lane est sorti aux US en 2013, sept ans après sa conception, alors que plus personne ne faisait attention. Variation arty sur le thème du slasher, le film compose une symphonie nostalgique sur la beauté mythologique de l’adolescence, avec en son centre une fille à couper le souffle (Amber Heard). La plus belle fille que vous ayez jamais vue. L’exercice de style repose sur une croyance absolue dans les vertus égalitaires du cinéma : le visuel 70s plaqué sur un contexte contemporain, les explosions de violence au milieu de plages de dialogues cotonneuses, l'alternance de points de vue sur le genre (ironique, premier degré, « réaliste »)… Une étoile filante qui n’aura malheureusement pas laissé de trace.

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All the Boys Love Mandy Lane
Occupant Films

5 - Get Out (Jordan Peele, 2017)

C’est la naissance d’un des rares nouveaux génies à avoir émergé dans le cinéma du XXIe siècle. Sur la base d’un pitch imparable (qui y a-t-il de plus terrifiant qu’être un noir aux Etats-Unis ?), Jordan Peele livre une version horrifique de Devine qui vient diner ce soir ? et renoue avec la dimension politique des grands films d’horreur des années 1970. Se posant en fier descendant de John Carpenter, il interroge le racisme qui sommeille au fond de chaque Américain. Même ceux qui auraient été prêts à voter Obama une troisième fois.

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4 - The Devil's Rejects (Rob Zombie, 2005)

"Je suis le Diable, et je viens accomplir ma tâche." Bien avant Mindhunter et Tarantino, l'aura maléfique de Charles Manson pénétrait via cette citation dans le deuxième long de Rob Zombie, où une famille de trois rednecks tueurs de masse se payent une cavale hallucinée sur les routes de l'Amérique profonde, pourchassés par un flic sanguinaire. Bourrin, dingo, constamment excité et excitant... De l'exploitation pure, le genre de film culte qu'on n'ose montrer à personne d'autre que la famille la plus proche. The Devil's Rejects, Rob Zombie a mis toutes ses tripes, avant de les arracher et de s'en faire un lasso. Ce qu'on appelle un film d'auteur, en somme.

The Devil's Rejects
Lions Gate

3 - Morse (Tomas Alfredson, 2008)

Deux gamins dans la Suède enneigée des 80's. Il est harcelé par des brutes ; elle est une vampire. Ils vont tomber amoureux. C'est à peu près tout, et c'est génial : Alfredson reste absolument et totalement centré sur eux, sur cette idée de cinéma ahurissante (la brune vampire et le blond fragile dans la neige) pour livrer rien de moins le meilleur film de vampires du 21ème siècle. Car, comme tout bon film de vampires, ce n'est rien d'autre qu'une histoire d'amour total et transcendental -amour du genre, amour du cinéma, amour de son jeune duo. On le placerait tout aussi haut dans un top des meilleurs films d'amour du siècle.

Morse
Chrysalis Films

2 - The Strangers (Na Hong-jin, 2016)

Ça commence en territoire connu : dans l'arrière-pays coréen, un flic un peu pataud est confronté à des meurtres sauvages. Presque 2h40 plus tard, quand le générique de The Strangers se déroule enfin, on est complètement chamboulés. Un peu changés, aussi ? En tous cas complètement ravagés par ce film -le troisième de l'auteur de The Chaser et The Murderer- totalement monstrueux, épique et paillard, hilarant (mais alors vraiment) et effrayant (mais alors encore plus) entre Memories of Murder et L'Exorciste. Mais comme si la somme de ces classiques avait abouti à quelque chose de tout aussi beau et monstrueux et non comme leur simple addition. L'horreur, l'horreur. Vous la demandiez, la voilà.

10- The Strangers (Na Hong-Jin, 2016)
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1 - Les Autres (Alejandro Amenábar, 2001)

21 ans après, on ne s’en est toujours pas remis. Au-delà de son twist sidérant (bien sûr, on ne vous dit rien mais il serait temps de le voir si ce n’est pas déjà fait), le chef-d’oeuvre d’Alejandro Amenabar est une leçon de mise en scène, et de direction d’acteurs (le jeu de Nicole Kidman et des deux enfants est si parfait…), un film d’horreur à l’atmosphère étouffante qui brille par sa classe, sa subtilité, son sens à la fois de l'horreur rétro la plus cauchemardesque que du mélo le plus déchirant. Les Autres a vocation de nous hanter depuis très longtemps. Depuis que le siècle a commencé, en fait.

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Les Autres
Bac Films

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