Top des meilleurs films de 2020
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Ils sont américains, français et chinois. Ils sont sortis en salles ou ont été découverts en streaming. Voici nos films préférés de cette année ciné très, très spéciale.

10. Les Sept de Chicago d’Aaron Sorkin
« Si vous n’avez jamais entendu parler du procès des "sept de Chicago", pas de souci : Aaron Sorkin vient justement de passer la promo de son nouveau film à expliquer que lorsque Steven Spielberg, en 2007, lui a suggéré d’écrire un film sur cet épisode décisif de l’histoire américaine contemporaine, il ne voyait pas du tout de quoi celui-ci voulait parler… Et si Aaron Sorkin, créateur de la série A la Maison-Blanche, éminent commentateur de la vie politique US, lui-même n’y connaît rien, alors, vous êtes tout excusés… Une petite leçon d’histoire s’impose, donc, en préambule : en 1969, un an après les heurts très violents ayant opposé les manifestants anti-guerre du Vietnam et les forces de l’ordre en marge de la convention démocrate de Chicago, l’administration Nixon, fraîchement élue, accusa de conspiration et d’incitation à l’émeute une poignée d’activistes et de militants de gauche. »

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9. Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait d’Emmanuel Mouret
« C’est en 1999 qu’on a découvert en salles le travail d’Emmanuel Mouret. Tout juste diplômé de la Fémis, son film de fin d’études, Promène-toi donc tout nu !, connaît en effet les honneurs du grand écran. Il y joue lui-même un jeune homme soumis à un ultimatum (24 heures pour décider s’il vit ou non avec sa copine) et à qui sa meilleure amie propose de jouer à être sa petite amie pendant cette journée pour lui prouver que toutes les filles se valent. Promène-toi donc tout nu ! est salué chaleureusement par la critique, louant la drôlerie et la légèreté de ce divertimento romanesque en diable. Mais on ne se doute pas alors que le cinéma de Mouret est tout entier contenu dans ces 50 minutes. Son goût du marivaudage, le rapport à la langue, son rythme en apparence nonchalant et pourtant jamais lâche et cette douceur enveloppante qui cache une cruauté aussi savoureuse qu’imparable. Vingt ans donc pour en arriver à ce Les choses qu’ont dit, les choses qu’on fait, son film le plus réussi, le plus fluide, le plus léger, le plus profond et le plus brillant. »

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8. Séjour dans les monts Fuchun de Gu Xiaogang
« Gu Xiaogang, réalisateur chinois de l’impressionnant Séjour dans les monts Fuchun, a 31 ans et est déjà au pied d’un Everest dont il a déjà largement dépassé le camp de base. Son film, empruntant son titre à une peinture ancestrale du XIVe siècle, est une chronique familiale contemporaine qui voit une fratrie se croiser et se décroiser sur quatre saisons. Il est présenté par son auteur comme le premier volet d’une trilogie. Péché d’orgueil de jeune cinéaste à l’ego envahissant ? À l’issue des 2 h 20 de ce film, on a envie de se projeter un peu plus loin. Avec ce long métrage, Xiaogang marche rien de moins que sur les traces d’Edward Yang, Hou Hsiao-Hsien ou Jia Zhangke. Tout débute dans un petit restaurant. On y fête l’anniversaire d’une matriarche. Autour d’elle, ses fils, ses petits-fils, ses belles-filles... La caméra à bonne distance laisse chacun se mouvoir dans son cadre et trouver sa place. Le son dirige notre attention au cœur de ce brouhaha. Les personnages se dessinent. Et puis, la fête est finie. »

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7. Je Veux Juste En Finir de Charlie Kaufman
« Lorsqu’on la découvre, au détour d’un chromo hivernal saisissant de joliesse, elle est pourtant en pleine crise. Elle veut en finir, comme dit le titre. Mais en finir avec quoi, au juste ? Probablement de sa relation avec Jake, bon gars, cultivé et rigolo, qui a quand même cette tendance à s’écouter un peu trop parler. Un petit travers à découvrir durant la première demie-heure du film, où claquemuré dans l’habitacle d’une bagnole qui le conduit chez ses parents, il évoquera en vrac sa fascination pour le poète anglais William Wordsworth, les musicals kitschs de Broadway et les insectes suicidaires. Elle l’écoute, vraiment, participe même à la conversation, sauf qu’elle n’est pas vraiment là. Sa voix-off le martèle : elle veut en finir. Tout court. Adieu les cons ; c’est l’époque qui doit vouloir ça. »

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6. The Climb de Michael Angelo Covino
« Ce fut l’une des belles surprises de ce Festival de Cannes 2019 qui restera décidément un millésime d’exception. Pourtant, sur le papier, ce premier long métrage américain avait tout du parfait petit fayot qui cochait deux cases, rendant sa sélection inévitable. Il s’ouvre sur les pentes du col de Vence, non loin de Cannes, ce qui en fait de facto une sorte de régional de l’étape. Ses deux personnages principaux s’emploient à les gravir à vélo, péché mignon du patron de la sélection, Thierry Frémaux ! On ne sait à quelle hauteur ces deux atouts majeurs ont contribué à la présence de The Climb dans la section Un certain regard, mais le choix s’est révélé particulièrement judicieux. Un de ces moments de détente sans prétention qui font toujours du bien au cœur d’une sélection très intense où résonnent tous les malheurs de notre planète. Le réalisateur Michael Angelo Covino (qu’on retrouve aussi devant la caméra avec Kyle Marvin, son ami de dix ans dans la « vraie » vie) dit s’être beaucoup inspiré du cinéma français pour ce premier long et cite d’ailleurs à l’écran le trop peu connu Le Grand Amour de Pierre Étaix, projeté dans un cinéma. »

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5. Dark Waters de Todd Haynes
« Où est Todd Haynes dans Dark Waters ? A priori, on pourrait penser que ce projet-là n’était pas forcément pour lui. Haynes, normalement, s’amuse à raconter l’histoire des pop stars avec des poupées (Superstar : the Karen Carpenter Story), célèbre les idoles des marges (Rimbaud, Bowie, Bob Dylan), modernise les codes surannés des grands mélos d’hier (Loin du paradis, Mildred Pierce, Carol…). On ne l’attendait pas sur le terrain du thriller parano « d’après une histoire vraie », du portrait de lanceur d’alerte écolo, le genre de film « Dossier de l’écran » qui s’adresse moins à notre sensibilité de cinéphile fétichiste qu’à notre conscience de spectateur citoyen. Mais quand Mark Ruffalo lui a demandé de porter à l’écran l’article du New York Times racontant le combat de Rob Bilott contre DuPont, géant industriel responsable d’un empoisonnement à grande échelle (à cause des méfaits du C8, dérivé du fluor utilisé dans le revêtement des poêles en Teflon), Haynes n’a pas hésité. Signer un film aussi straight que Dark Waters ne signifie pas rentrer dans le rang, au contraire, c’est une autre façon pour lui d’être rebelle et « contre-culturel ». »

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4. Adieu les cons d’Albert Dupontel
« Après un détour multi-Césarisé par l’adaptation d’une œuvre préexistante (Au revoir là- haut), revoici Albert Dupontel à la tête d’un film entièrement écrit par ses soins. Mais d’un projet à l’autre, qu’il l’ait initié ou non, Dupontel construit surtout une œuvre de plus en plus conséquente célébrant à sa manière – empathique et bien secouée –, cousine de celle du duo Délépine-Kervern, les accidentés de la vie, les marginalisés par une société trop cynique pour eux. Adieu les cons met en scène un duo qui, a priori, n’aurait jamais dû se rencontrer. D’un côté, Suze, une coiffeuse atteinte d’une maladie incurable qui veut utiliser le temps lui restant à vivre pour retrouver l’enfant dont elle avait, adolescente, accouché sous X. De l’autre JB un fonctionnaire dépressif qui décide de se suicider après s’être vu privé de manière humiliante d’un poste qu’il pensait décrocher au vu de ses compétences. Et ces deux solitudes vont soudain se percuter quand, venue faire sa demande de recherche, Suze se retrouve mêlée bien malgré elle à la fuite en avant de JB - pourchassé par la police et ses patrons - qui va très vite tout mettre en œuvre pour l’aider à retrouver le fameux enfant devenu grand. »

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3. Adolescentes de Sébastien Lifshitz
« En fin d’année dernière, le cinéaste Sébastien Lifshitz exposait au Centre Pompidou à Paris son imposante collection de photographies dites vernaculaires, nom barbare pour désigner les clichés non artistiques : photos de famille, publicitaires, scientifiques... Le cinéaste qui écume depuis son plus jeune âge les marchés aux puces à la recherche de cette production a priori jetable donc « impure » et « déconsidérée », nous avait alors dit ceci : « Il y a une mémoire derrière chacune de ces images. Elles délivrent une vérité documentaire incomparable. Toutes ces petites choses a priori insignifiantes sont essentielles à la compréhension du monde. » Les premières images d’Adolescentes sont justement une succession des photos jaunies de deux enfants que l’on devine être les deux héroïnes de ce nouveau documentaire de l’auteur des Invisibles. Anaïs et Emma, prises comme tout un chacun dans le flux informe d’une mémoire familiale via un corpus de photos souvenirs. « La compréhension du monde » se fera ici à travers l’univers, et donc les yeux, de ces deux ados de Brive-la-Gaillarde, en Corrèze. Un univers en extension puisque le cinéaste les a suivies durant cinq ans, les filmant depuis leurs 13 ans jusqu’à leur majorité. »

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2. Le Cas Richard Jewell de Clint Eastwood
« Le 27 juillet 1996, une bombe artisanale explose au Centennial Olympic Park d’Atlanta, qui accueillait cette année-là les Jeux olympiques d’été. Le film de Clint Eastwood ne raconte pas la préparation de l’attaque ni le parcours du terroriste (un militant anti-avortement qui ne sera arrêté que sept ans plus tard). Le cinéaste s’intéresse à l’agent de sécurité, Richard Jewell, qui, le soir de l’explosion, trouva un sac rempli d’explosifs sous un banc, déclencha l’alerte et évita le pire. Le héros anonyme devint une star médiatique, mais il déclencha la paranoïa du FBI, l’avidité prédatrice de la presse et se retrouva surtout victime d’une machination qui allait en partie détruire sa vie. C’est cette spirale qui est au coeur du Cas Richard Jewell. Depuis le début de sa carrière, le héros américain est le personnage eastwoodien par excellence, celui qui dessine un pays avançant entre ombre et lumière, entre Huston et Ford. Mais avec American Sniper, les choses ont commencé à bouger un peu : les êtres exceptionnels ont progressivement été remplacés par l’homme de la rue, un boy next door se transformant en sauveur presque malgré lui. »

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1. Uncut Gems de Benny et Josh Safdie
« Une carte et un territoire. Les frères Safdie (Joshua et Ben) apparus il y a onze ans à la Quinzaine des réalisateurs cannoise avec leur premier long métrage au titre magnifiquement entêtant, The Pleasure of Being Robbed, sont devenus les représentants inespérés d’un cinéma new-yorkais indé qu’on avait cru à jamais perdu au nom de la gentrification rampante de la Big Apple. Le coeur bordélique de Manhattan (The Pleasure..., Lenny and the Kids), les squares sales de l’Upper West Side (Mad Love in New York) ou encore le Queens et ses lumières blafardes (Good Time). Seul peut-être James Gray parvenait encore à (re)donner à voir l’authenticité et la diversité de cette ville-monde redevenue village (Little Odessa, The Yards, Two Lovers...). Joshua et Ben ont toujours cherché à capter l’énergie de l’endroit qu’ils investissent. D’où cette tension permanente qui se dégage de chaque plan où les personnages se débattent dans un espace le plus souvent confiné sans ligne de fuite possible. Leur caméra très mobile cherche à éprouver les moindres recoins de ces micro-territoires créant un sentiment d’extrême claustration. New York est un décor morcelé jamais envisagé à grande échelle. »

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