Auréolé de cinq César pour Le Règne animal, Thomas Cailley peut désormais passer à autre chose et sortir de sa forêt peuplée de monstres. Vraiment ? On lui a posé la question pour savoir s'il avait jamais imaginé une suite à son film.
La joie et la (très légère) déception. C'est un peu ce qu'on a ressenti à l'issue de la Cérémonie des César. La joie parce qu'en remettant cinq César au Règne Animal la profession venait confirmer la reconnaissance publique et critique du film - plus d'un million d'entrées pour une oeuvre prototype, c'est ce qu'on appelle un carton plein. Par ailleurs, dans une cérémonie chargée en émotions, le moment où David Cailley est venu chercher son trophée pour la meilleure photo reste un instant très émouvant.
Voir Thomas Cailley ému aux larmes devant le discours de son frère rappelait que ce césar "technique" était un prix hautement symbolique d'un point de vue artistique (Le Règne animal est magnifiquement mis en scène, cadré, éclairé et surtout brillamment conçu visuellement) comme d'un point de vue personnel. Mais (très légère) déception disait-on aussi. Parce qu'on aurait aimé que ce long-métrage reparte avec une des trois plus grosses récompenses (réalisation, film ou acteur). Ce n'était sans doute pas le moment - qui devait voir un sacre féminin total. Et le triomphe d'Anatomie d'une chute fut aussi légitime que mérité. Annoncé et irréprochable. N'empêche...
Anatomie d'une chute triomphe aux César : Le palmarès completCes cinq César apparaissent 24h plus tard comme l'acmé d'une trajectoire parfaite. On l'a dit : un petit buzz cannois, une critique très vite dithyrambique, un succès public mérité et pour finir les prix de l'Académie. Six mois plus tard, il est temps pour Cailley de passer à autre chose, de tourner la page et de partir vers d'autres horizons. Vraiment ?
Quelques semaines après la sortie, face au succès surprise de son film, on avait posé une question aussi ingénue qu'incongrue à Thomas Cailley.
Pourrait-il y avoir une suite au Règne animal ?
Et sa réponse avait été étrangement mesurée. "Je n'y ai pas pensé sérieusement. Pas au travail en tout cas. On ne s'est jamais installé dans cette perspective". D'ailleurs, si Le Règne animal est un film aux arcs multiples, le coeur de la narration était le chemin d'un père et de son fils. Et de ce point de vue là, la fin était tout sauf ouverte. "C'est juste : ce qui structure le film, c'est bien la relation entre François et Émile, entre le personnage de Romain (Duris) et celui de Paul (Kircher). Cette histoire-là est terminée. Après, l'univers du film est potentiellement riche, il y a d'autres trajectoires, d'autres personnages, et on pourrait tout imaginer. Mais sincèrement, je n'en suis pas là du tout."
Thomas Cailley : "J'ai l'impression que le public s'est emparé du Règne animal"C'était en octobre. Et en insistant un peu, Cailley avait convenu qu'il était sans doute trop tôt. "Je n'ai pas eu le temps de me poser la question. Disons que j'ai besoin de recul pour avoir ce genre de considérations".
Six mois, 1,1 million de spectateurs et cinq César plus tard, il est peut-être temps de se demander si on ne pourrait pas replonger un peu avec les monstres dans la forêt. Pour découvrir l'histoire de Fix, l'étrange homme-oiseau par exemple ? Ou donner de l'épaisseur au personnage à peine esquissé de Julia Izquierdo (jouée par Adele Exarchopoulos) ?
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