Affiches Films à l'affiche mercredi 26 juillet 2023
SND/ Wild Bunch/ The Walt Disney Company France

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
LA MAIN ★★★☆☆

De Danny et Michael Philippou

L’essentiel

Premier long-métrage, et première réussite pour les frères Philippou, qui parviennent à construire un climat de terreur avec très peu de moyens.

Une main en plâtre, provenant d’on ne sait où. Une main affublée d’un pouvoir : celle de transforme drastiquement la personne qui la serre, altérant son comportement et peinturlurant ses yeux en blanc. Et une règle immuable : ne pas la tenir plus d’un certain temps, sous peine de rester bloqué indéfiniment dans un cosmos des enfers. Voilà pour le centre névralgique du premier long des frères Philippou où, comme dans tout bon film d’horreur qui se respecte, les choses ne vont pourtant pas se passer comme prévu pour les adolescents qui, tour à tour, vont expérimenter ce jeu dangereux. La Main installe un climat de terreur avec trois fois rien et réussit conjointement à sonder le phénomène de la dépendance, avec une main dégageant un tel pouvoir addictif qu’une relation sadomasochiste vient se créer avec celui qui la tient. Si l’architecture de la narration reste un brin simpliste et les personnages manquent un peu de profondeur, impossible de bouder son plaisir devant ce bel objet qui vient donner un sérieux coup de fouet à une production horrifique sérieusement en berne.

Yohan Haddad

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

THE FIRST SLAM DUNK ★★★★☆

De Takehiko Inoue et Yasuyuki Ebara

Slam Dunk est au départ un shônen (manga pour jeunes garçons) tout ce qu'il y a de plus classique, avec un héros-loser qui se met au basket pour draguer les filles et découvre qu'il est un génie de ce sport. Mais, en six ans de publication, de 1990 à 1996, le trait de son créateur, Takehiko Inoue, a vogué vers quelque chose de plus en plus réaliste et abstrait, jusqu'à devenir une ébauche, un croquis, bref une œuvre entièrement tournée vers la recherche du geste artistique idéalement pur. Et si The First Slam Dunk représente quand même une sorte d'aboutissement de la quête d'Inoue (qui réalise le film), il ne nécessite absolument pas d'avoir lu toute la BD (et encore moins d'avoir vu les quatre films dérivés sortis en 94-95) et se révèle tout autant un manifeste artistique sur cette recherche du geste vrai qu'un film de basket véritablement dément. Tout se joue pendant un match de basket lycéen crucial, entre équipes de joueurs surdoués, chacun avec leur style... Grâce à des flashbacks (souvent terrassants), le film fait éclater ces archétypes, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le mouvement, le geste. Et l'émotion.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A AIME

SUR LA BRANCHE ★★★☆☆

De Marie Garel- Weiss

Révélée avec La fête est finie, récit d’une amitié entre deux toxicomanes en lutte contre leur addiction, Marie Garel- Weiss confirme son goût pour les personnages en dehors des clous. En l’occurrence ici une trentenaire toujours en quête de ce qu’elle fera… quand elle sera grande et un avocat dépressif mis sur la touche qui vont faire équipe pour tenter d’empêcher un petit arnaqueur clamant son innocence d’aller en prison. Un drôle de tandem sur lequel la réalisatrice ne pose aucun regard moqueur mais brille à l’inverse à célébrer leur singularité, tant dans l’écriture des situations qu’ils rencontrent que dans le choix du Scope pour les filmer et raconter leur perception d’un monde dans lequel ils se sentent souvent tout petits. Le tout avec un grand sens du casting : le duo Daphne Patakia- Benoît Poelvoorde (auquel il faut adjoindre Agnès Jaoui et Raphaël Quenard) y fait des étincelles.

Thierry Cheze

BLANQUITA ★★★☆☆

De Fernando Guzzoni

Inspiré par l’affaire Spiniak qui a défrayé la chronique au Chili, Fernando Guzzoni met en scène une ado de 18 ans qui, victime de viols dans son enfance, reconnaît un de ses agresseurs dans un scandale pédophile qui éclabousse les hautes sphères de la société chilienne. Et se retrouve poussé par un prêtre à témoigner. Sauf que les évidences du départ vont devenir plus nébuleuses. Cette victime dit- elle vraiment la vérité ? Ou ment- elle sciemment pour la faire éclater alors que cet agresseur semble sinon pouvoir s’en tirer à bon compte ? Blanquita se révèle un film passionnant sur les zones grises autour de la question de qui croire dans ce type d’affaires de plus en plus médiatisées. Avec l’audace peu politiquement correcte de ne pas prendre parti sans jamais tomber dans un dénigrement de la parole des femmes. Guzzoni brille à embrasser la complexité de ces situations tragiques.

Thierry Cheze

UN HIVER EN ETE ★★★☆☆

De Laetitia Masson

Le pari est audacieux. Réunir mille têtes d’affiche (Benjamin Biolay, Nora Hamzawi, Nicolas Duvauchelle, Élodie Bouchez ou Clémence Poésy pour ne citer qu’eux) en un seul film, lier leur destin, placer Pierre, Paul et Jacques aux quatre coins de l’hexagone. Poser un tableau de Monet et le dérèglement climatique en son centre. À l’été 2023, un froid de canard gagne la France. Angoisse générale. Dix personnages de milieux, sexes et âges différents se croisent, se toisent, s’écharpent et se réchauffent ensemble. Si l’idée primitive de Laetitia Masson (déjà aux manettes des politiques La Repentie et Coupable) surprend et saisit, la suite (trop impressionniste) perd un peu le fil. Car dans Un hiver en été, l’envie de broder une fresque de la France d’aujourd’hui prend le pas sur celle de construire une histoire pantelante sur la fin du monde.

Estelle Aubin

LA VACHE QUI CHANTAIT LE FUTUR ★★★☆☆

De Francisca Alegria

Tout commence avec la résurrection d’une femme qui, à la manière d’une naïade, s’extirpe d’une rivière marécageuse. Une femme qui déambule, mutique, fantomatique, à la recherche de sa vie disparue. Décédée depuis des années, sa réapparition à la ferme familiale va chambouler sa fille, Cecilia, aujourd’hui mère névrosée, qui avait depuis longtemps fait son deuil… Découvert en compétition à Sundance, ce premier film de la réalisatrice chilienne Francisca Alegria se vit comme une véritable expérience sensorielle, portée par le mysticisme de sa bande son et les meuglements torturés des vaches du domaine frappées d’un étrange mal-être. Fantasmagorique, presque organique, ce film est une ode à la maternité, entre traumatisme générationnel, colère féminine, et fable écologiste puissante.

Lucie Chiquer

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

LE MANOIR HANTE ★★☆☆☆

De Justin Simien

Près de vingt ans après le bide du Le Manoir Hanté et les 999 fantômes avec Eddie Murphy, la célèbre attraction de Disneyland « The Haunted Mansion », a droit à une nouvelle transposition sur grand écran. Avec ce Manoir Hanté nouvelle génération, Justin Simien, aligne un casting de stars à toute épreuve, jonglant entre gloires d’antan ayant su rebondir au cours de ces dernières années et nouveaux espoirs affirmant leur singularité à Hollywood, Lakeith Stanfield en tête. Le héros de Sorry to Bother You constitue l’intérêt principal de ce nouveau blockbuster live-action made in Disney, imposant sa patte éminemment personnelle dans un film qui hésite à trouver la sienne. Et derrière cette performance, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. À force de vouloir s’adresser à un public aussi large que possible, le film peine à trouver un ton qui le caractérise pleinement. L’humour, constamment poussif, repose sur des comiques de situations destinés à faire rires les plus jeunes, contrastant avec un ton horrifique qui mise sur des jumpscares, des séquences de poursuites rocambolesques, et des questionnements autour des professions de voyantes, spécialistes et autres escrocs.

Yohan Haddad

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JUNIORS ★★☆☆☆

De Hugo Thomas

Que faire pour tromper son ennui dans le petit village sans histoire où on vit une existence bien trop paisible ? Jordan, 14 ans, fils d’une infirmière souvent absente à cause de son travail a un beau jour  - avec son meilleur ami Patrick - une de ces idées qui aurait précisément mérité de rester au statut d’idée : simuler une maladie grave et monter grâce à elle une cagnotte en ligne leur permettant… de s’acheter une nouvelle console ! Le tout avant que le duo se retrouve évidemment totalement dépassé par les conséquences de leur mensonge. Co-réalisateur de Willy 1er avec les frères Boukherma, Hugo Thomas signe ici des débuts de réalisateur solo contrastés. Car ses intentions de donner naissance à un film à l’amoralité affichée teintée d’absurde peinent à se concrétiser à l’écran, faute ce trouver un ton et de s’y tenir. L’humour noir acide s’y marie mal avec des scènes d’émotion un peu trop appuyées. Comme si, à la différence justement de Willy 1er, Hugo Thomas n’arrivait pas à tenir ou à assumer son ton singulier et dérangeant jusqu’au bout.

Thierry Cheze

SABOTAGE ★★☆☆☆

De Daniel Goldhaber

Sabotage ? Derrière ce titre français passe-partout se cache How to blow up a pipeline. Comment saboter un pipeline : c'est l'intitulé d'un essai fameux, signé du chercheur suédois Andreas Malm, qui plaide pour une radicalisation des modes d'action contre le changement climatique. Le film de Daniel Goldhaber "fictionnalise" le livre en imaginant la destruction d'un pipeline texan par un groupe d'activistes. L'ambition est de populariser le message de Malm en utilisant les codes d'un thriller, d'un film de casse. L'intrigue est plutôt bien menée, mais la mise en scène est un peu brouillonne, ce qui ne pardonne pas dans ce genre de suspense "topographique". Pas très grave, le vrai but du film est ailleurs : si, en sortant de la salle, vous avez envie crever les pneus du SUV garé en face du cinéma, alors Goldhaber aura gagné son pari.

Frédéric Foubert

RENDEZ- VOUS A TOKYO ★★☆☆☆

De Daigo Matsui

Teruo (Sosuke Ikematsu, vu dans L’Infirmière) est un ancien danseur professionnel reconverti en éclairagiste de théâtre, Yo (une des héroïnes d'Asako I et II) une chauffeuse de taxi. Ces deux- là se sont aimés avant de se séparer. Et Daigo Matsui entreprend ici de raconter leur histoire à rebours, la démarrant plusieurs années avant leur rupture et remontant le temps – au fil de sept différents 26 juillet qu’ils ont vécu ensemble – jusqu’au jour de leur rencontre. Un parti pris original qui, s’il fonctionne d’emblée par son côté déstabilisant, peine à tenir la distance sur près de deux heures, une fois le procédé scénaristique compris. Les nombreux moments de grâce y sont en effet pollués par la trop grande place laissée à des dialogues verbeux et une prime à la cérébralité qui crée une artificialité empêchant la puissance romanesque du récit de se développer. Dommage.

Thierry Cheze

LES DAMNES NE PLEURENT PAS ★★☆☆☆

De Fyzal Boulifa

Sorte de cousin du récent tunisien Amel et les fauves, Les damnés ne pleurent pas dénonce la société marocaine étouffant sous la domination patriarcale à travers la relation fusionnelle d’une mère et de son fils, victimes l’un comme l’autre de la violence des quand dira t’on et de leurs pas de côté par rapport à la bonne morale exigé. Des personnages passionnants desservis par un récit qui aurait mérité à être resserré pour mieux en exprimer toute la puissance.

Thierry Cheze

 

Et aussi

Les Déguns 2, de Cyrille Droux et Claude Zidi Jr.

 

Les reprises

Nazarin, de Luis Bunuel

Persépolis, de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud