Les 10 meilleurs rôles de Kurt Russell
TFM Distribution/Splendor Films/Warner Bros./Hollywood Pictures

De Snake Plissken à Stuntman Mike, on revient sur les temps de la filmographie de Kurt Russell.

Acteur fétiche de John Carpenter, puis de Quentin Tarantino, Kurt Russell illumine l'écran depuis près de 60 ans. Vedette de la série-western Les Voyages de Jaimie McPheeters, où il côtoyait notamment Charles Bronson, à l'âge de 12 ans, ce comédien né aura tout de même dû attendre sa rencontre avec Carpenter pour s'imposer comme une star de cinéma. Retour sur les 10 performances les plus marquantes de son immense carrière. 

Elvis Presley dans Le Roman d'Elvis de John Carpenter (1979)

La quasi-totalité des acteurs américains se sont, d’une manière ou d’une autre, mesuré au fantôme d’Elvis Presley. En l’imitant, en fredonnant une de ses chansons au détour d’une scène… Pour Kurt Russell, c’est différent. Le bonhomme a carrément croisé le fer avec le King, quand il était enfant-acteur, à l’âge de 12 ans, sur le plateau de Blondes, brunes et rousses. Puis il l’a incarné dans ce téléfilm mythique diffusé sur ABC en 1979 (et sorti en salles en Europe, comme Duel), alors que le cadavre de l’idole était encore chaud. Les poses félines, la lippe sensuelle, la coolitude rockabilly… Kurt devient Elvis sous les yeux de l’Amérique ébahie, à tel point qu’il prêtera de nouveau sa voix au chanteur dans une scène fameuse de Forrest Gump. Ce triomphe télévisé va permettre à Kurt Russell, 28 ans et déjà deux décennies de carrière TV dans les pattes, de devenir acteur de cinéma. Le film marque aussi, surtout, sa rencontre avec John Carpenter, pygmalion rock’n’roll.

Kurt Russell dans Le Roman d'Elvis
Dick Clark Productions

Snake Plissken dans New York 1997 de John Carpenter (1981) 

Kurt Russell devient plus que jamais la muse du cinéaste – ils ont déjà tourné ensemble Le roman d’Elvis qui marque leur rencontre-  juste avant que celui-ci n’intègre le circuit des gros studios hollywoodiens. New York 1997 produit par la géniale Debra Hill, permet à l’acteur de voir son statut exploser. Il est ici Snake Plissken, sorte de cow-boy new-age, d’Albator cynique, exfiltré de prison pour tenter de sauver le président des Etats-Unis kidnappé sur l’île de Manhattan devenue un des cercles de l’enfer de Dante. Le charisme et le détachement de Russell font de Plisken un anti-héros tragique. Russell retrouvera « Snake » en 1996 avec l’inégal Los Angeles 2013.

Kurt Russell dans New York 1997
Splendor Films

R. J. MacReady dans The Thing de John Carpenter (1982)

Pour sa troisième collaboration avec John Carpenter, Kurt Russell incarne ici un héros moins charismatique que Plissken, mais livre une des plus belles performances de sa carrière. Pilote d’hélicoptère coincé dans une base en antarctique avec des chercheurs, c’est lui garde la tête froide face à cette terrifiante chose venue d’ailleurs capable de prendre n’importe quelle forme. Un monument de paranoïa qui culmine dans la scène de la prise de sang, où Russell dirige les tests lance-flamme à la main. Dire que ce chef d’oeuvre d’horreur SF avait été laminé par la critique lors de sa sortie... 

Kurt Russell dans The Thing
Splendor Films

Jack Burton dans Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin de John Carpenter (1986)

Au milieu des années 1980, Kurt Russell et John Carpenter se connaissent donc très bien, et quand le réalisateur propose au comédien de changer radicalement de style avec Jack Burton, il accepte immédiatement, refusant au passage le rôle principal de Highlander pour cette comédie d'action qui rend hommage aux classiques d'arts martiaux, ceux de Tsui Hark en tête. Il faut dire que c'est un rôle en or : il sait qu'il va pouvoir se lâcher à jouer ce héros trop sûr de lui, qui se la pète comme personne alors qu'il ne cesse de faire des bourdes. Un modèle assumé pour James Gunn (et Chris Pratt, donc) au moment de créer le Star-Lord des Gardiens de la Galaxie. Il lui proposera d'ailleurs d'incarner Ego, le papa-planète (!) du personnage dans le volume 2, en 2017. La boucle est bouclée.

Kurt Russell dans Jack Burton
Splendor Films

Gabriel « Gabe » Cash dans Tango et Cash d'Andreï Kontchalovski (1989) 

Rambo vs Plisken.  Le bon vs la brute. C’est en tout cas comme ça que ce buddy movie totalement remodelé et refaçonné pendant le tournage à la gloire de Stallone, a été pensé. Stallone est Tango, un flic « cérébral » (c’est facile, il porte des lunettes !) , quand Russell est « Cash », flic aussi, mais plus bas du front (c’est facile, il a les cheveux longs et sales !). Stallone n’hésitait pas à dire au cinéaste russe où placer sa caméra pour capter son bon profil. Difficile de savoir comment Kurt Russell a vécu la chose. A l’écran, son petit sourire en coin laisse deviner qu’il n’était dupe de rien et s’en foutait royalement. La vraie star du film, c’est bien lui !

 

Kurt Russell dans Tango et Cash
Warner Bros.

Wyatt Earp dans Tombstone de George P. Cosmatos (1993)

Au milieu des années 1990, Hollywood se prend de passion pour Wyatt Earp, légendaire shérif du Far West. Alors que Kevin Costner, fidèle à lui-même, se lance dans un énorme biopic détaillé de plus de trois heures, sous la direction de Lawrence Kasdan, Kurt Russell va lui griller la politesse en incarnant la légende de l'Ouest, six mois plus tôt, dans un western d'action où brille un Val Kilmer au top de sa forme, dans la peau de la gâchette Doc Holliday. George Pan Cosmatos, réalisateur de blockbusters "stalloniens" musclés des années 1980 (Rambo et Cobra notamment), filme ainsi la fusillade d'O.K. Corral - et les règlements de comptes qui en ont suivi - avec un sens certain du spectacle et du colt qui fume. Russell fait parler sa testostérone pour peindre un Marshal Earp sévèrement burné. Résultat du duel : Tombstone va flinguer Kevin Costner au Box office, remportant la mise avec le double de recettes !

Kurt Russell dans Tombstone
Hollywood Pictures

Eldon Perry dans Dark Blue de Ron Shelton (2003)

Le 29 avril 1992, le tribunal de Los Angeles acquitte les quatre policiers ayant roué de coups un automobiliste afro-américain (Rodney King). Dans la foulée des émeutes éclatent dans toute la ville. Ron Shelton qui adapte ici une histoire de James Ellroy, se sert de ce cadre explosif pour suivre le quotidien de plusieurs policiers aux méthodes douteuses. Au milieu du chaos, Kurt Russell campe un flic brutal. L’acteur ne cherche jamais à racheter les éventuels errements d’un personnage peu sympathique et prouve une nouvelle fois qu’il n’est jamais aussi à l’aise que dans la peau d’un écorché vif volontiers nihiliste. Son regard de chien triste finit même par révéler des blessures intimes. Magnifique. 

Kurt Russell dans Dark Blue
MGM

Stuntman Mike dans Boulevard de la mort de Quentin Tarantino (2007)

Si Quentin Tarantino avait d'abord pensé à Mickey Rourke pour jouer son cascadeur assassin dans Death Proof, il engage finalement Kurt Russell, parfait en anti-héros. Présenté comme un être cabossé mais charmeur, il se révèle ensuite particulièrement flippant quand il piège de jeunes victimes dans sa caisse de l'enfer et cause volontairement des accidents pour les tuer. Ce jeu dangereux va se retourner contre lui, quand une bande de filles va se défendre violemment, pour le plus grand plaisir du public. Un rôle de fou au cœur d'un film en forme de grand défouloir, donc, auquel le réalisateur fera un clin d'oeil quelques années plus tard : dans Once Upon a Time... in Hollywood (2019), Kurt joue à nouveau un cascadeur, ''gentil'' cette fois, en couple avec Zoë Bell, qu'il rêvait de tuer dans Boulevard de la Mort. Une idée aussi tordue que Stuntman Mike !

Kurt Russell dans Boulevard de la mort
TFM Distribution

Le shérif Franklin Hunt dans Bone Tomahawk de S. Craig Zahler (2015) 

Sorti au même moment que Les Huit SalopardsBone Tomahawk en est une sorte de complément de programme idéal. Lent, minutieux et ultra-violent comme du Tarantino, oui, mais dans une veine plus minérale, dégraissée, et beaucoup moins rigolarde. Russell joue un shérif droit dans ses bottes à la tête d’une expédition de fortune (Patrick Wilson, Richard Jenkins, Matthew Fox…), partie affronter des Indiens cannibales. Grand moment de terreur ciné, qui fait l’effet d’un long souffle glacial sur votre échine. Kurt Russell tourne peu de westerns, mais il les choisit bien.

Kurt Russell dans Bone Tomahawk
The Jokers / Le Pacte

John Ruth dans Les Huit Salopards de Quentin Tarantino (2015)

Retrouvailles avec Tarantino, après Boulevard de la mort et en attendant Once upon a time… in Hollywood. Fourrure et moustache XXL, voix de stentor, machisme d’opérette : Kurt est le chasseur de primes John Ruth, alias The Hangman. Une parodie « hénaurme » de John Wayne – l’une des spécialités de l’acteur, qui imitait déjà le Duke au détour d’une scène de Boulevard de la mort, et dans Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin. Au-delà des références western, il se dit aussi que le personnage de John Ruth aurait en partie été inspiré à Tarantino par Harvey Weinstein – ce qui expliquerait la violence misogyne délirante du salopard.

Kurt Russell dans Les Huit salopards
The Weinstein Company