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Librement inspiré d'une nouvelle d'Albert CamusLoin des hommes raconte l'histoire d'un instituteur vertueux (Mortensen) qui, au début de la guerre d'Algérie, doit escorter un paysan accusé de meurtre. Avec ses allures de western élégiaque, son casting impressionnant, le film de David Oelhoffen dépasse la simple illustration historique ou l'adaptation servile pour devenir un véritable objet de cinéma. Impressionnant doit-on rajouter. C'est ce que montre précisément cet extrait. Face à un Reda Kateb taiseux, dévasté, Viggo Mortensen semble dévorer par des contradictions morales. Dans sa démarche, dans sa violence contenue, on voit bien que c'est lui qui amène les questionnements philosophiques du film (le bien-fondé de la Loi, le prix de la reconquête, la valeur d'un homme), que c'est lui, aussi, qui incarne l'universalité et la fraternité au coeur du projet. Surtout, comme on le voit dans les choix de mise en scène, Mortensen impose son physique rocailleux dans un environnement de majestueuses montagnes. On pense aux westerns monumentaux d'Anthony Mann ou de John Ford, on pense aux grands films humanistes de Clint (le dépouillement des dialogues, le charisme inouï des acteurs, leur solitude mélancolique)... Une chose est sure : il y a du cinéma là-dedans, un souffle de liberté et d'épopée terrassant.Après avoir été sélectionné à Venise, le film sortira le 14 janvier prochain dans les salles françaises