La Face cachée de Margo revient dimanche soir à la télévision.
Eté 2015, Première rencontrait Cara Delevingne en pleine promo de La Face cachée de Margo, une comédie romantique pour ados réussie, qui sera diffusée dimanche soir sur TFX. Flashback.
Cara, vous ressemblez bien plus à l'héroïne de La Face cachée de Margo qu'à la princesse diaphane d'Anna Karénine (son premier rôle au cinéma, en 2012).
Ah bon ? Ça m'inquiète, ce que vous dites. Qu'est-ce qu'il y a de commun entre moi et Margo ?
Cette ado revêche qui dévergonde son voisin, l'emmène faire les 400 coups la nuit en zone pavillonnaire… Elle a un côté "on ne vit qu’une fois" que vous affichez aussi dans la vie.
Ah, dans ce sens-là, ok. Il y a une scène où elle dit à son voisin : "T'attends quoi pour être heureux ? D'avoir trente ans, une femme et des gosses ?" C'est un peu le message que j'essaie de faire passer en postant n'importe quoi sur Instagram. D'ailleurs, le motto de mon profil, c'est "Don't worry, be happy, embrasse ta propre folie".
Donc, vous avez trouvé votre propre "persona" à travers ce rôle.
Ouh là, c'est quoi, la "persona" ? Quel genre d'actrice je suis ?
En quelque sorte.
Je ne crois pas avoir envie de le savoir. Tout ce dont je suis sûre, c'est que je préfère effectivement jouer des sauvageonnes comme Margo plutôt que des jolies princesses. Je déteste les potiches. Ce qui m'amuse, c'est de briser l'image de la "petite copine idéale" que les actrices de mon âge sont censées renvoyer.
Vous avez un penchant féministe, alors ?
Oui. Enfin, je déteste la politique : c'est un festival de conneries. Mais je suis féministe, oui, on peut dire ça. Surtout à Hollywood, qui est un milieu particulièrement sexiste. Mais bon, le mot "féminisme" a un sens différent pour chaque personne.
Quelle est votre définition personnelle ?
Je déteste l'idée qu'on m'ait filé des dinettes quand j'étais petite, alors que j'aurais adoré jouer avec des camions de pompiers. C'est injuste. Les mecs obtiennent les postes à haute responsabilité parce qu'on les a habitués à s'amuser avec des tanks de l'armée. Pendant ce temps-là, les filles rêvent d'être des top models. Moi, j'ai été mannequin, je peux vous dire que ça revient à être une potiche professionnelle. "Sois belle !", c'est ce qu'on vous répète à longueur de journée. Ou alors : "Prends ton air de mannequin ! Oui voilà, comme ça !" L'idée qu'on m'impose d'avoir une gueule ou une autre, ça me débecte assez.
Oui, mais en passant au cinéma, vous risquez de vous tirer une balle dans le pied : être actrice, c'est aussi être belle et passive…
Ok, mais ça s'arrête une fois que vous revenez à la réalité. Une top modèle, ça fait des heures sup' de poticherie à la maison, aux soirées, partout où elle va. J'ai toujours voulu être actrice, je m'en fous du mannequinat. Je suis devenu une "top" malgré moi. J'aime beaucoup trop la laideur pour être mannequin. Le cinéma autorise à être laide, de temps en temps.
La laideur vous attire ?
Oh, oui. J'aime être laide, parce que la réalité est laide. Si je réalisais des films moi-même, je les rendrais moches, pour qu'ils ressemblent à la vraie vie.
Vous trouvez que les réalisateurs avec qui vous tournez font des films trop jolis ?
Hum, non, ce sont des types géniaux. Mais parfois ils se plantent sur ce qu'est la vie.
Ah bon ? Joe Wright et Karl Lagerfeld (avec qui Cara a tourné deux courts-métrages, ndlr) connaissent mal la vie ?
Non, non, ils sont brillants mais ils peuvent se tromper sur les personnages féminins. Dans ce cas-là, je leur dis : "Non, une nana ne dirait jamais un truc pareil", et on trouve une autre réplique plus appropriée. Joe et Karl ont beau être de grands cinéastes et des hommes plutôt précieux, ce sont avant tout des mecs.
On peut donc être un garçon manqué tout en étant une experte en féminité ?
Bien sûr. Gamine, j'étais un garçon manqué par esprit de contradiction : mes soeurs m'énervaient à porter des robes et à parler tout le temps de maquillage. Moi, je préférais me balader à poil ou en pyjama. Mais en même temps, je les observais beaucoup, donc je connais les filles par coeur. Et puis, j'aime m'habiller sexy quelquefois, ça ne m'empêche pas de jurer comme un charretier et d'avoir des marottes de garçon.
Qu'est-ce que c'est, "des marottes de garçon" ?
J'aime la technologie. Je suis une vraie nerd. Attention, je ne vous parle pas d'aller sur Twitter et Instagram : la vraie technologie, je veux dire. Réparer des trucs, démonter un ordinateur pour comprendre comment il marche, etc. Tenez, là, votre magnétophone débloque, il s'est éteint.
Oh non ! On n'a rien enregistré ?
Haha, si, il marche très bien. Pardon, c'était une de mes mauvaises blagues. Je raconte souvent n'importe quoi, il ne faut pas trop m'écouter.
Interview Yal Sadat
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