Le cinéaste attaquait Polisse, Intouchables et les César quelques heures avant de monter sur la scène du théâtre du Châtelet.L’événement de la cérémonie des César 2012 était sans conteste l’apparition de Mathieu Kassovitz, Le réalisateur de L’Ordre et la morale avait en effet créé la polémique en déclarant le 27 janvier dernier sur son compte Twitter "Une seule nomination aux césars. J encule le cinéma français. Allez vous faire baiser avec vos films de merde." En effet, L’Ordre et la morale n’avait été nommé que dans la catégorie Meilleure adaptation.Mais vendredi 24 février au soir, Kassovitz est monté sur scène remettre le trophée de la Meilleure photographie à Guillaume Schiffman pour The Artist. On pensait le réalisateur persona non grata : il déclare "je suis venu honorer ma promesse", provoque quelques rires jaunes, il remet le trophée et s’éclipse. Repentir ? Ultime provocation dans le non-dit ? Il tweete dans la foulée : "ça, c'est fait". Ce n’est pas tout : vendredi soir, quelques heures avant la cérémonie, le site Newsring (site de débats co-créé par Frédéric Taddeï) publiait une tribune de Mathieu Kassovitz, intitulée "Ce qui me casse les couilles c'est le manque d'ouverture des César" (sic).  Le réalisateur y conspue une nouvelle fois la cérémonie, y déclare défendre "un cinéma qui n'est pas représenté par les César et je trouve ça pas seulement dommage mais scandaleux. Ca réduit le cinéma français à quelque chose qui n'est pas très glorieux. Les films nommés, si tu les regardes avec un oeil de cinéaste, c'est des téléfilms." Le cinéaste, un rien mégalo ("je ne me suis pas énervé parce que je pense que je suis le meilleur, je sais que je suis le meilleur"), affirme que la cérémonie n’a pas joué son rôle cette année en donnant une pluie de nominations à Polisse et Intouchables (le cinéaste épargne complètement le triomphant The Artist, réalisé par son ami Michel Hazanavicius), au détriment des autres films comme… L’Ordre et la morale, justement : "tu veux que ton travail de metteur en scène soit mis au moins au niveau de Maïwenn ou de Nakache et Toledano. Peut-être que t'as quand même donné des preuves que ton travail avec la caméra a une valeur. Sinon allez vous faire enculer et vos films de merde." Rebelote !Kassovitz estime que Polisse n’a pas beaucoup de valeur à ses yeux, car "on a besoin de réalisateurs qui ont une vision artistique et pas de gens qui font des produits. J'aurais applaudi «Polisse» des deux mains s'il y avait pas de star dans le casting, si on l'avait joué réaliste sans star de la comédie ou du rap". L’Académie aurait dû également mettre en avant des films plus discrets : "ce serait bien de parler de «Donoma», les mecs de «Donoma» ils ont fait un truc de dingue et ils sont pas reconnus, c'est malheureux. On pourrait au moins reconnaître l'énergie".L’idée générale de Kasso est que les votants ne reconnaissent en fait que les films qui ont fait le buzz ou ont cartonné en salles : "les gens ne vont pas aller voter pour des gens qu'ils ne connaissent pas ou alors ils votent pour des gens qui ont fait 2 millions d'entrées. Si on n'avait pas fait 2 millions d'entrées avec «La Haine» on n'aurait jamais eu de César". Quant à Intouchables, il n’est pas non plus épargné, avec ironie : "avec 9 nominations tu te dis que ça doit être un classique du cinéma français". Sa conclusion, en forme d’ultime provocation, est que "les César c'est mortuaire, tout le monde est habillé en croque-mort et on y va pour enterrer les films. En espérant qu'on pourra leur donner un dernier choc d'adrénaline pour faire encore un petit peu de blé en salles avant de les enterrer sous forme de plastique en DVD. C'est pas très excitant."Bref, Kassovitz continue de provoquer le débat. L’Ordre et la morale, son film, est reparti bredouille vendredi soir, le trophée de la Meilleure adaptation récompensant Carnage de Roman Polanski.