Choix n°1 : Saint Laurent de Bertrand Bonello, avec Gaspard Ulliel, Louis Garrel...Synopsis : 1967 - 1976 La rencontre de l'un des plus grands couturiers de tous les temps avec une décennie libre.Aucun des deux n’en sortira intact.L'avis de Première : ... On n'est pas tellement plus renseigné sur la vie d’YSL en sortant du film de Bertrand Bonello qu’en rentrant dans la salle. Le biopic, le "d’après une histoire vraie", cet exercice casse-gueule (demandez à Olivier Dahan) étiré entre le vrai et le faux, entre le trop et le pas assez, qui prend le risque de se faire écraser par son sujet ou de passer à côté. De ce point de vue-là, on est rassuré. Saint Laurent par Bonello n’est pas un film linéaire bourré de caméos et de figures historiques. La connexion à l’histoire se fait le temps d’un montage passionnant en split-screen : à gauche les images d’archive de mai 68, du Viêt-Nam, de de Gaulle, etc ; à droite les mannequins des différentes collections défilent tandis qu’apparaît la date du modèle. L’image d’archive est réduite à son identité de simple image. Aux histoires réelles, Bonello préfère convoquer des divinités évidentes, littéraires, musicales et cinématographiques : à la fin le défilé de 1976 s’illustre par un split-screen complexe qui évoque une toile de Mondrian tandis que résonne le choeur d’ouverture de la Passion selon Saint Matthieu de Bach... (Lire la suite ici)Bande-annonce : Choix n°2 : Leviathan de Andreï Zviaguintsev, avec Elena Lyadova, Vladimir Vdovichenkov...Synopsis : Kolia habite une petite ville au bord de la mer de Barents, au nord de la Russie. Il tient un garage qui jouxte la maison où il vit avec sa jeune femme Lilia et son fils Roma qu'il a eu d'un précédent mariage. Vadim Cheleviat, le maire de la ville, souhaite s'approprier le terrain de Kolia, sa maison et son garage. Il a des projets. Il tente d'abord de l'acheter, mais Kolia ne peut pas supporter l'idée de perdre tout ce qu'il possède, non seulement le terrain mais aussi la beauté qui l'entoure depuis sa naissance. Alors Vadim Cheleviat devient plus agressif...L'avis de Première : Quatrième long métrage d'Andreï Zviaguintsev, Leviathan est la claque formelle du Festival de Cannes 2014. Il aura donc fallu attendre l’avant-dernier jour pour se prendre, enfin, une vraie déflagration cannoise. Leviathan, nouvelle claque formelle du russe Andreï Zviaguintsev est un film monstrueux dans tous les sens du terme. Une œuvre opaque, hyper ambitieuse et bouleversante, qui semble incarner à tous les plans la définition du film russe. Un film branché sur de l'universel et sur les meilleurs passages de la Bible, qui invente des icones d'images stupéfiantes. Remettons un peu d’ordre : quatrième film de l’abonné cannois Zviaguintsev (après Le Retour, Elena…), Leviathan ressemble à un film noir qui partirait dans tous les sens, emprunterait des fausses pistes pour mieux composer son tissu narratif d’une prétention colossale (le titre fait autant référence à la Bible qu’à Hobbes pour son analyse du corps social). Ce monstre plastique se déploie à partir de quatre pôles. Il y a d’abord Dimitri, mystérieux avocat venu en Sibérie pour aider son vieux pote de l’armée Kolia parti en guerre contre un maire corrompu qui cherche à l’exproprier. Kolia est marié avec Lilya. Quand le maire, archétype du pouvoir corrompu de la russie contemporaine (violence, fric, alcool…) décide de s’occuper des rebelles et qu’un pique-nique tourne mal, la vie de Kolia part en vrille. Le film suit donc le parcours de ces personnages pour composer une parabole biblique et une étude de mœurs. Mais Leviathan est aussi une comédie très dark qui brocarde les quatre piliers de la Russie moderne : le semblant de démocratie, la corruption, la religion et la vodka. L’infusion politique où s’entremêlent un rapport maladif à l’Etat, le pharisianisme orthodoxe et une violence symbolique ancestrale est dénoncée dans une mise en scène d’un tarkovskisme dément (les plans lunaires et cosmogoniques) où il ne faudrait surtout pas voir de la pesanteur, mais une grâce qui gagne progressivement en intensité, en noirceur et en complexité. Comme un monstre de cinéma.Bande-annonce : Choix n°3 : Elle l'adore de Jeanne Herry, avec Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte...Synopsis : Muriel est esthéticienne. Elle est bavarde, un peu menteuse, elle aime raconter des histoires souvent farfelues. Depuis 20 ans, Muriel est aussi la première fan du chanteur à succès Vincent Lacroix. Avec ses chansons et ses concerts, il occupe presque toute sa vie. Lorsqu’une nuit Vincent, son idole, sonne à la porte de Muriel, sa vie bascule. Elle est entrainée dans une histoire qu’elle n’aurait pas osé inventer.L'avis de Première : Muriel ne rate pas un seul concert de Vincent Lacroix. Le jour où le chanteur commet un acte terrible, la groupie n’hésite pas une seule seconde à lui venir en aide. « Elle passe sa vie à l’attendre / Pour un mot pour un geste tendre / La groupie du pianiste (...) Elle le suivrait jusqu’en enfer (...) Elle l’aime, elle l’adore », chantait Michel Berger dans un tube millésimé 1980 auquel Jeanne Herry (fille de Miou-Miou et de Julien Clerc) fait référence dans le titre de son premier film. Sandrine Kiberlain y incarne cette « amoureuse d’un égoïste », joué par le bellâtre Laurent Lafitte. Si les ficelles de l’enquête policière sont parfois grossières, l’intérêt de ce curieux thriller réside ailleurs. En l’occurrence dans sa façon de faire virer sa dimension dramatique vers le loufoque et la comédie noire, au diapason du rapport de force indécis entre les personnages, seconds rôles compris. Efficace, le film doit beaucoup à son duo d’acteurs, l’un glaçant en salaud machiavélique et mielleux, l’autre géniale en dévote un poil mytho, à l’instinct de survie pourtant insoupçonné.Bande-annonce : Les autres sorties ciné de la semaine sont ici