Il y a près de 50 ans, le sexisme régnant à Hollywood était déjà dénoncé publiquement par une actrice de renom.
Dans le dernièr numéro de Premiere, Angelina Jolie s'agaçait de devoir justifier en permanence son passage derrière la caméra, alors qu'elle est connue en tant qu'actrice. "J’attends avec impatience le jour où l’on arrêtera enfin de demander à une femme pourquoi elle réalise des films. Je ne réalise pas des films en tant que femme mais en tant que personne. ", nous confiait-elle. Un demi-siècle auparavant, Bette Davis fulminait déjà à ce propos, avec raison.
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Au micro de la journaliste de Detroit Shirley Eder, l'actrice dénonçait les inégalités hommes-femmes dans la société américaine, à la maison comme au travail. Et notamment dans la sphère du cinéma, une industrie bien macho malgré les stars féminines qui l'ont toujours fait vivre. Une industrie qui préfère les "petites femmes" aux grandes gueules "avec un cerveau". Dans cet entretien datant de 1963, et animé dans une jolie vidéo par Blank On Blank, Davis ne mâche pas ses mots (morceaux choisis) :
"Je crois qu'il y a trop de dysfonctionnements à Hollywood pour rester malhonnête et ne pas les dénoncer à voix haute. On peut être respectée en disant la vérité à Hollywood, comme dans une autre industrie. Sinon je n'aurais pas eu de carrière !(...) En tant que femme, je crois que l'intellligence est un terrible obstacle dans la vie privée, mais je crois que dans la vie professionnelle c'est parfois pire, parce qu'il y a un profond ressentiment de la part des hommes. C'est indéniable. Nous travaillons tous pour des hommes. Ce sont eux qui dirigent, et je crois qu'ils préfèrent les femmes qui ne pensent pas par elles-mêmes, qui ne sont pas indépendantes. En tant que femme, on se fait plus d'ennemis quand on a un cerveau. Des ennemis qu'on trouve surtout chez le sexe opposé. (...)
On n'écrit pas pour les femmes aujourd'hui. Il n'y a rien. C'est la vérité. Les femmes représentent une partie essentielle au cinéma. Mais les scénaristes n'écrivent pas pour les femmes. Je pense qu'ils sont trop déconcertés par la situation des femmes. (...) Je dis souvent que si les hommes trouvaient la solution pour faire des enfants tout seuls, il ne nous demanderaient plus jamais en mariage ! (...)
Je crois que les hommes doivent changer, et pas qu'un peu. Je crois que d'une certaine manière ils préfèrent toujours la femme fragile. Ils font perdurer les choses, comme une règle, alors qu'à mon avis, des millions de femmes sont très heureuses d'exister par elles-mêmes, elles sont lassées de ce rôle de "petite" femme, car il n'a plus d'existence réelle. Il a tout simplement disparu. Notre monde se trouve déjà bien plus loin. La vraie femme devrait être en partie masculine et le vrai homme en partie féminin, de toute façon."
Même s'il existe aujourd'hui des femmes scénaristes et des réalisatrices, l'industrie du cinéma est toujours dominée par les hommes. Les inégalités persistent. Bref, en 2015, le coup de gueule féministe de Bette Davis sonne toujours de manière pertinente.
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