Toutes les critiques de Détective Dee : la légende des rois célestes

Les critiques de Première

  1. Première
    par Sylvestre Picard

    Bien établie, la recette d'un Detective Dee ne varie pas : le héros du titre, magistrat-enquêteur à l'instinct aussi infaillible que son kung fu- enquête sur un mystère d'apparence surnaturelle qui menace la cour impériale. Par conséquent, la recette d'une critique de Detective Dee ne va pas varier non plus comparé aux deux splendides volets précédents (Le Mystère de la flamme fantôme et La Légende du dragon des mers). Le réalisateur Tsui Hark, toujours maître de ses moyens, signe un grand divertissement virtuose, sans que le cahier des charges soit une routine mais plutôt une méthode.
    Dans La Légende des rois célestes, Dee est chargé par l'Empereur de conserver une épée forgée dans l'acier d'une météorite, symbole de pouvoir absolu ; tandis que l'Impératrice s'allie avec une bande de sorciers pour lui dérober l'épée. La méthode Dee, qui concentre tout l'héritage du wu xia pan et de King Hu (les scènes de combat sont d'une élégance affolante), est de composer le film comme un opéra (Wagner est d'ailleurs cité dans le score de Kenji Kawai via le thème de la chevauchée de la Walkyrie), donc un spectacle total faisant appel à toutes les ressources du cinéma, sonores, visuelles (la 3D est réellement splendide) et narratives. Tout le film se déroule à la capitale, et chaque scène prend les allures d'une scène de théâtre grandiose tant les extérieurs ressemblent à des intérieurs. Le monde est une scène.
    Du très grand divertissement, qui n'est jamais dupe du divertissement qu'il offre : les personnages aux allures et aux pouvoirs grandioses ont beau lancer des sortilèges et des maléfices, tout finit par s'expliquer rationnellement. Et le générique de fin -qui rappelle celui de son superbe La Bataille de la montagne du tigre sorti en 2015- donne définitivement au film un radical message politique, sur le mensonge par l'image et l'hubris des dominants, des gouvernants et de leurs sicaires. Un divertissement nécessaire, donc.