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À l’origine, Anomalisa était un projet du compositeur Carter Burwell, qui avait organisé pour la scène un dispositif où des comédiens lisaient leur texte sur sa musique. Grâce à une série de coïncidences heureuses (le recours au crowdfunding pour financer son tournage, entre autres), Charlie Kaufman en a fait un long métrage en coréalisation avec l’animateur Duke Johnson, qui rêvait de travailler avec lui depuis Eternal Sunshine of the Spotless Mind. La réalisation, en animation image par image, est à ce point hors normes que l’existence même de ce film tient du miracle. Il y a tout lieu de s’en réjouir. Les premières scènes nous invitent à partager le point de vue d’un voyageur à l’accent britannique (la voix de David Thewlis), qui cache un profond malaise derrière une indifférence de façade. Autour de lui, qu’ils soient hommes ou femmes, tous les personnages parlent avec la même voix masculine (celle de Tom Noonan). Encore plus étrange, ils ont tous le même visage. Un indice (l’hôtel s’appelle le Fregoli) nous suggère que Stone souffre de ce que la psychiatrie appelle le syndrome de Fregoli, une forme de paranoïa dans laquelle le sujet imagine qu’une même personne le poursuit sous des apparences variées. La perspective de passer une nuit dans la peau d’un héros dépressif n’est pas précisément plaisante, jusqu’à ce que ce dernier rencontre une jeune femme à la voix différente (celle de Jennifer Jason Leigh), dont il tombe amoureux l’espace d’une nuit romantique et bouleversante. Kaufman poursuit l’exploration de ses thèmes familiers (la solitude, le besoin d’amour, l’attrait pour l’exception), mais cette fois, il a trouvé dans l’animation image par image une forme idéalement adaptée à son sujet. Elle lui a inspiré une série d’idées de cinéma géniales qui amplifient l’impact émotionnel de ce très étrange conte de fées pour adultes.
Toutes les critiques de Anomalisa
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Kaufman n’invente ici rien de nouveau, mais il parvient à inscrire son discours moralisateur, au sens noble du terme, dans un récit désespérément tendre, doux, poignant. Et visuellement abouti.
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Charlie Kaufman, jusqu'ici célèbre pour ses scénarios (...) a trouvé la forme idéale pour ses idées noires, sa crudité, sa folie.Anomalisa est une anomalie grandiose dont on n'a pas fini de parler.
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Le résultat est une très grande réussite, formellement innovante, intellectuellement stimulante.
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La solitude moderne, la nostalgie, la difficulté de vivre une relation sentimentale, entre autres thèmes, sont au cœur de cet étrange et très touchant ovni cinématographique.
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Le résultat, étourdissant, est un croisement entre Up in the Air, Lost in Translation et une fable kafkaïenne, le tout interprété par des figurines sorties d'un coffret Playmobil pour adultes.
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La rencontre entre le petit génie de l’écriture et l’as de la stop motion (animation de marionnettes image par image) produit un chef-d’œuvre de sensiblité (...)
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(...) tout est drôle sur le moment et, dans le fond, tout est déchirant.
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C’est un film immense qui nous parle tout simplement de la solitude de l’existence et de la profonde blessure de la condition humaine.
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Le film a été réalisé en stop-motion, technique que, jusqu’ici, on n’avait jamais vu maniée avec une telle poésie, une telle ampleur.
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Le minimalisme narratif de ce quasi huis clos peut déconcerter, mais il faut se laisser porter par la poésie et l'élégance de son animation.
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C’est justement la tension permanente entre enfer psychique et humanité ordinaire qui rend le film si prenant.
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Mettre cette technique, nécessitant des années de travail minutieux et habituellement associée à des imaginaires plus ou moins enfantins ou spectaculaires, au service d’un récit aussi minimaliste, adulte et intime, a du panache. Et quelle belle idée !
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On ne se rappelle pas avoir croisé récemment figuration plus ajustée que ce joli tour d’Anomalisa pour dire à bas bruit les caprices de la cristallisation du désir.
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Une réflexion touchante sur l’altérité et l’amour, mise en scène avec un sens inouï du détail.
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(...) cette œuvre inclassable est résolument unique et audacieuse. Traversée de parenthèses surréalistes et oniriques, sa clairvoyance et sa mélancolie frappent droit au cœur.
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Onirique et surréaliste, ce film d’animation pour adultes sur l’ennui qui gagne est toutefois contaminé par son sujet. Le propos, houellebecquien en diable, est trop ténu pour tenir la route une heure et demie durant.
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Il y a dans cette posture d’auteur observant ainsi ses semblables (même sous la forme bien pratique de marionnettes) quelque chose de malsain, pas nouveau chez Kaufman, pas nouveau dans le cinéma (surtout le cinéma « indépendant » américain, on y revient), mais dont on se désolera toujours qu’il continue d’empoisonner notre regard.
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Contrairement à son titre, il reste tout à fait classique dans le fond et la forme, bien que cette dernière reste l’intérêt principal du film.