Le chef-d’œuvre de David Lean est un monument de cinéma à la genèse chaotique. Petite visite guidée de ce somptueux édifice.
Que vous soyez nostalgique des grands chefs d’œuvres monochromes ou simple curieux, voici cinq raisons de voir ou revoir le grand film épique de David Lean qui sera diffusé ce soir sur la 8e chaîne. Mais tout d’abord, petit rappel des faits : en 1943, un régiment anglais interné dans un camp de prisonniers en Birmanie est affecté à la construction d'un pont en pleine jungle. Après s'être opposé à ce projet, le colonel Nicholson cède aux exigences japonaises. Il ignore que les Américains préparent le dynamitage du pont...
1. Pour son statut de classique absolu
Jamais oublié dans les nombreux palmarès des meilleurs longs-métrages, Le Pont de la Rivière Kwaï est un film épique au souffle immense qui n’a rien perdu de sa force de fascination. Récompensé par 7 oscars à sa sortie (meilleur film, meilleur scénario...) le film brille autant par son interprétation magistrale que par sa photographie contemplative. Malgré ses trois heures et son âge vénérable, le film est investit de bout en bout d'une tension palpable.
2. Pour son refus du manichéïsme
Loin des clichés des films militaires, Le Pont de la Rivière Kwaï ne sombre pas dans l’écueil d’opposer la légendaire flegme britannique du colonel Nichollson à la brutalité japonaise du colonel Saïto. David Lean ne fait pas de propagande (ou si peu) et ne prétend pas non plus rendre justice. Au contraire, il questionne la folie des hommes lorsqu’ils sont confrontés à des situations absurdes et s’amuse à briser les codes de l’héroïsme à travers sa mise en scène habile et parfois grinçante.
3. Pour Alec Guiness
Parce qu’il n’y a pas que Michael Caine dans la vie, il est toujours bon de contempler un acteur typiquement british au sommet de son art. Ici, Alec Guiness crève littéralement l’écran dans une interprétation intense et subtile du colonel Nicholson. Une prestation inoubliable qui lui vaudra l’Oscar du meilleur acteur. Et dire qu’il a failli refuser le rôle parce qu’il trouvait le personnage antipathique !
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4. Pour la légende qui entoure son tournage
Comme la plupart des grands films, le tournage du Pont de la Rivière Kwaï a été particulièrement éprouvant. Au total, plus de 251 jours de tournage au milieu de la jungle birmane ont été nécessaire pour mettre en boite ce chef-d’oeuvre. Si bien qu’un caméraman et le second assistant réalisateur ont trouvé la mort à cause d’un accident sur les routes impraticables de la jungle. A noter également que deux des scénaristes du film, Carl Foreman et Michael Wilson, n’ont pas été crédités au générique. Blacklistés à Hollywood, ils étaient accusés d’être des sympathisants communistes.
5. Pour sa scène culte (SPOILERS)
Absente du roman de Pierre Boulle, la destruction du pont, point culminant du film, figure parmi les séquences les plus impressionnantes jamais tournées. Elle a été filmée le dernier jour du tournage (le 11 mars 1957) par plus de cinq caméras réparties à des endroits stratégiques de l’édifice. Au vu du prix de la construction du pont (500 000 dollars) une seule prise était possible. Malheureusement, lors des tests de synchronisation, le train qui devait passer dessus a déraillé. Il a dû être remonté sur le pont avec l’aide de crics et d’éléphants, décalant d’une journée le tournage de la scène et l’explosion de l’édifice.
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