Tromperie
Le Pacte

Avec Denis Podalydès en écrivain adultère, amant de Léa Seydoux. Cette contre programmation vaut-elle le coup ?

"Londres - 1987. Philip est un écrivain américain célèbre exilé à Londres. Sa maîtresse vient régulièrement le retrouver dans son bureau, qui est le refuge des deux amants. Ils y font l’amour, se disputent, se retrouvent et parlent des heures durant ; des femmes qui jalonnent sa vie, de sexe, d’antisémitisme, de littérature, et de fidélité à soi-même…"

En 2021, Denis Podalydès était la star du festival de Cannes, présent dans plusieurs films des différentes compétitions. Parmi eux, Tromperie, d'Arnaud Desplechin, que l'ont retrouvera en ce soir de Saint Valentin 2024 sur Arte.

"C’est le tombeur de la croisette !, écrivait-on en direct du festival à l'époque. Anaïs Demoustier, Léa Seydoux, Valérie Bruni Tedeschi, Emmanuelle Devos, Madalina Constantin et même Alexandre Steiger lui courent après et quémandent ses faveurs. Poda ne sait plus où donner de la tête.

Son truc à lui, on le sait, c’est le côté écrivain velours-côtelé des beaux quartiers. La calvitie, à peine masquée par quelques cheveux savamment ébouriffés, ajoute au sex-appeal estampillé Gallimard. Dans Les Amours d’Anaïs de Charline Bourgeois-Tacquet (Semaine de la Critique) comme dans Tromperie d’Arnaud Desplechin (Cannes Première), on voit son personnage écrire (un peu) et coucher (beaucoup). Et s'il n'écrit pas dans Les Oranges sanguines, il drague. Dans tous les cas, il parle. Beaucoup. Et pour dire des choses tellement belles et profondes que ces proies se noient dedans. Poda s’en étonne à peine. Soit verbe et tais-toi."

Les fantômes d’Ismaël – Arnaud Desplechin : "La nuit, j’en rêve encore"

Cette adaptation du roman éponyme de Philip Roth nous emmène donc à Londres, au milieu des années années 1980 et suit l'histoire d'un écrivain américain célèbre exilé en Angleterre et qui multiplie les aventures extra-conjugales, pour mieux écrire ses ouvrages. Autour de Denis Podalydès gravitent Léa Seydoux, Emmanuelle Devos, Gennadi Famin, Anouk Grinberg, Madalina Constantin...

Tromperie vaut-il le coup ? Voici notre critique.

Après Roubaix, une lumière où les adorateurs comme les réfractaires du cinéaste s’étaient entendus sur le caractère inédit d’un film où l’auteur délaissait les hauteurs d’une bourgeoisie intellectuelle aventureuse pour une « petit » peuple englué dans les cercles de l’enfer de son quotidien, nous revoici sous des lambris plus haussmanniens. 

Tromperie, d’après Philip Roth auteur vénéré par Arnaud Desplechin, est une mise en abîme autour de l’acte d’écrire. Le credo est celui-ci : un auteur surpuissant par nature mais surtout par devoir, peut justifier toutes ses bassesses supposées au nom de l’inspiration. Les bassesses ici concernent surtout un penchant non exclusif pour ses modèles-maîtresses qui se jettent dans ses bras telles des doubles fictionnels venant jouer les diablotins. L’auteur ainsi assailli se doit d’éprouver ses actes et son discours pour se noyer tout entier dans sa pensée. Une fois confronté au réel (celui-ci à les traits de la femme mariée), que reste-t-il sinon une montagne de questions non résolues que son interlocutrice ne peut entendre ?

Arnaud Desplechin assume la théâtralité d’une entreprise réalisée confinée et peut compter sur des interprètes stradivarius (l’imprévisible Léa Seydoux vaut à elle seule le déplacement !) Reste tout de même cette impression d’une longue explication de texte où les poncifs s’ils servent la comédie (on rit avec et contre, ce petit monde), empêche toutefois le drame de naître. Et dans cette entreprise autocentrée tout finit par s’épuiser. Est-ce là où réside justement la tromperie ? Peut-être.


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