L'actrice allemande a été primée à la Mostra pour son rôle dans Frantz, qui est diffusé ce soir sur Arte.
Mise à jour du 10 mars 2021 : Frantz, le drame de François Ozon, revient ce soir sur Arte. En 2016, année de la sortie du film, nous avions rencontré l'actrice allemande Paula Beer, primée à la Mostra de Venise par le jury de Sam Mendes pour son rôle au côté de Pierre Niney.
« J’ai reçu deux scènes en français la veille du casting, la panique ! »
Paula Beer a 21 ans et déjà six ans de cinéma derrière elle. Cette Berlinoise a notamment joué dans The Dark Valley, un western autrichien avec Sam Riley, et dans Diplomatie de Volker Schlöndorff dont ses scènes ont été coupées au montage. Qu’importe, elle en profité pour séjourner six mois à Paris afin de peaufiner son français, appris à l’école. Bonne pioche. Si la directrice de casting allemande a parlé d’elle à François Ozon, c’est bien parce qu’elle maîtrisait la langue de Molière – elle incarne la veuve d’un soldat allemand confrontée à l’intrusion dans sa vie de l’ami français du défunt. Mais pas au point d’arriver sereine au casting. « Je suis finalement entrée dans le bureau en me disant que je n’avais rien à perdre. »
« On a regardé La fièvre dans le sang et Le ruban blanc »
Il y a les réalisateurs qui répètent beaucoup en amont et les autres, comme Ozon. « On a fait les essayages de costumes, quelques lectures, puis c’est tout. François responsabilise ses acteurs : « c’est toi qui vas raconter cette histoire », m’a-t-il dit. Il nous a juste montré La Fièvre dans le sang d’Elia Kazan et Le Ruban blanc de Michael Haneke pour la passion et la raideur protestante qui sont les deux revers du film. Mon défi personnel était de connecter mes émotions avec votre langue. »
« J’ai coaché Pierre Niney en allemand »
« Je pense que le spectateur sent la différence si un acteur parle une langue phonétiquement ou naturellement », continue Paula. Pierre Niney n’appartient-il pas à la « mauvaise » catégorie ? « Oui, mais c’est un super acteur ! », se rattrape-t-elle dans un large sourire. « À la demande de François, j’ai enregistré toutes ses répliques en allemand avec pour objectif de lui donner une idée de l’interprétation et des intonations. C’était une vraie collaboration. Pierre m’a rassurée en permanence. »
« Vous n’êtes pas le premier à me parler de Romy Schneider »
Des débuts à 15 ans, une frimousse enfantine où perce une fragilité, des yeux clairs, le français… Difficile de ne pas penser à Romy Schneider face à Paula Beer. « Je le prends bien, merci », rigole-t-elle. D’accord, mais envisage-t-elle de se partager aussi entre l’Allemagne et la France ? « Peu importe où je travaille du moment que les projets sont excitants. La langue est accessoire. » Elle prend néanmoins soin de préciser qu’elle parle encore mieux anglais que français. Après le nouveau film de Florian Henckel von Donnersmarck (La vie des autres) qu’elle est en train de tourner, direction les Etats-Unis ?
Cet article est paru dans le numéro 473 de Première.
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