L’actrice, mineure au moment des faits, a décidé de dénoncer un "système de silence et de complicité" dans le milieu du cinéma, laissant libre cours aux abus.
Au moment des faits, Adele Haenel avait entre 12 et 15 ans. C’est ce qu’elle raconte dans une longue tribune chez Mediapart, brisant le silence pour témoigner de sa propre expérience. D’après la comédienne, les incidents remontent à la création du film Les Diables, entre 2001 et 2003. Les mois suivant la fin du tournage, le réalisateur l’aurait invitée chez lui, à Paris pour le week-end, et aurait alors touché la jeune fille sans son consentement à la poitrine et aux cuisses : "Il était excité, je le repoussais mais ça ne suffisait pas, il fallait toujours que je change de place." La comédienne a exprimé, en plus de sa colère, de profonds regrets envers ce traumatisme qui l’a d’après elle forcée à mettre sa carrière en pause pendant dix ans : "Je me suis sentie si sale à l’époque, j’avais tellement honte, je ne pouvais en parler à personne, je pensais que c’était ma faute."
Selon les avocats de Christophe Ruggia, le cinéaste "réfute catégoriquement avoir exercé un harcèlement quelconque ou toute espèce d’attouchement sur cette jeune fille alors mineure." Néanmoins, Mediapart a collecté une trentaine de témoignages de différentes personnes, corroborant les dires d’Adèle Haenel. Notamment Laëtitia, régisseuse générale du film, ayant par exemple constaté un comportement particulier : "Les rapports qu’entretenait Christophe avec Adèle n’étaient pas normaux. On avait l’impression que c’était sa fiancée. On n’avait quasiment pas le droit de l’approcher ou de parler avec elle, parce qu’il voulait qu’elle reste dans son rôle en permanence. Lui seul avait le droit d’être vraiment en contact avec elle. On était très mal à l’aise dans l’équipe."
L’actrice n’a pas l’intention de porter plainte. Pour elle, son témoignage a pour principal objectif de "remettre le monde dans le bon sens, pour que les bourreaux cessent de se pavaner et qu’ils regardent les choses en face. (…) Que cette exploitation d’enfants, de femmes cesse, qu’il n’y ait plus de possibilité de double discours."
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