Première
par Christophe Narbonne
Après Wadjda (d’Haifaa Al Mansour), Wajma. Après l’Arabie saoudite, l’Afghanistan. Il y avait tout à redouter de ce nouveau film sur la condition de la femme au Moyen-Orient tant il semblait, sur le papier, s’inscrire dans un « courant » protestataire dont l’Occident se fait régulièrement le relais. Didactique, la première partie de l’histoire l’est de façon alarmante : les dialogues explicites s’enchaînent, les scènes d’amour furtives manquent d’intensité. Le point de bascule s’opère quand l’héroïne se retrouve livrée à elle-même et, surtout, quand elle doit faire face à son père, brute épaisse pour qui la grossesse de Wajma est un crime envers son nom et envers la société. Le film à charge se transforme alors quasiment en film de torture, avec séquestration et sévices en chaîne, dérangeant par son hyperréalisme mais provoquant enfin l’empathie. Le réalisateur a par ailleurs suffisamment de discernement pour ne pas condamner le père, produit d’un contexte sclérosant.