- Fluctuat
Petit thriller géopolitique, Trahison explore les arcanes du terrorisme islamiste afin d'éclairer ses perversions idéologiques. Un film mineur et inégal mais dans l'air du temps, porté par un Don Cheadle solide et convaincant.Le Hollywood des années Bush aura été en partie dépressif et paranoïaque, puis moraliste et repentant. Du 11 septembre à l'enlisement en Irak, il a suivi la courbe de l'opinion publique qui poussa Barack Obama à la présidence. 24, la série, demeurant l'actualité fictive la plus pertinente et prémonitoire de cette époque. Aujourd'hui, la fin de l'ère Bush change notre regard sur ces films nés durant cette période de psychose. Comme s'ils étaient d'un autre temps qu'on pourrait oublier aussi vite que sa présidence. Pure illusion, évidemment, venant du flou politique dans lequel nous sommes en attendant d'avoir du recul sur la gouvernance d'Obama. Trahison de Jeffrey Nachmanoff illustre bien mais sans brio ce moment incertain qui d'un côté échappe à l'Histoire et de l'autre en témoigne. Tourné quasiment avec le budget d'un film indépendant, ce petit thriller mélangeant espionnage, suspens, action, drame psychologique et velléités critiques sinon pédagogiques, semble déjà désuet et dans le même temps tourné vers l'avenir. Tel un film de transition, tiède, qui sait vers où aller mais hésite encore sur le chemin pour y arriver. Un pied dans une quête d'analyse et d'ambiance en phase avec l'époque, l'autre dans une volonté de tourner la page.Chassé croisé entre un ex officier de l'armée US devenu expert en explosif pour des islamistes (Don Cheadle), et un agent du FBI qui en cherchant à le coincer découvre sa véritable identité (Guy Pearce), Trahison tente de décrire les coulisses du terrorisme et les différentes facettes de ses hommes. Si Nachmanoff manque de talent et de moyens pour montrer sa complexité, il compense par la multiplication des pôles géographiques clés. L'aspect documenté, inégal mais perceptible, apportant son poids de crédibilité au film qui s'essouffle à faire durer un suspens hésitant autour de Cheadle. Rien d'extraordinaire donc : un scénario pas assez serré et parfois convenu dans un contexte familier, une mise en scène sans éclat et poliment au service du récit, une absence global de cohérence, un twist pas du meilleur goût, mais l'envie pourtant d'aller jusqu'au bout pour voir évoluer Cheadle, convaincu et convaincant. Ultra croyant, sa foi devient le pivot du récit, un moyen pour intensifier l'intrigue et déblayer l'Islam de quelques préjugés. Au final, rien d'étourdissant ou très instructif, mais une volonté non négligeable de démystifier le terrorisme en soulignant que cette guerre est d'abord une histoire de manipulation idéologique. Soit une porte de sortie.TrahisonDe Jeffrey NachmanoffAvec : Don Cheadle, Guy Pearce, Saïd TaghmaouiSortie en salles le 04 février 2009[mediabox id_media="80540" align="null" width="500" height="333"][/mediabox] Illus. © Paramount Pictures France- Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire le fil film policier sur le blog cinéma
Trahison