-
Qu’il y ait des points communs entre la prostitution et la psychanalyse (le lieu, la durée, l’argent, l’absence de sentiments personnels...),pourquoi pas. Mais cela ne peut suffire à étayer une histoire. Du coup, au-delà d’un questionnement plus général sur le monde du travail – en gros : jusqu’où peut aller le don de soi pour un job, quel qu’il soit ? –, le film peine à se renouveler et patine rapidement.
Toutes les critiques de Sans queue ni tête
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
Une fois de plus, Isabelle Huppert illumine et envahit de tout son talent cette œuvre ironique et malicieuse signée Jeanne Labrune, dont on retrouve avec ce film les belles habitudes, comme par exemple son amour des objets. La sculpture d’un ange en bois doré achetée lors d’une vente aux enchères devient ainsi le fil rouge de plusieurs séquences. Bouli Lanners, interprète de Xavier, ce psy soudain dépassé par sa vie sentimentale et professionnelle, proche du burn out, est lui aussi admirable. Décidément philosophes et cinéastes aiment ces temps-ci bousculer cette institution qu’est le freudisme… « Un petit peu de polémique ne fait pas de mal » écrivait jadis François Truffaut…
-
Pourquoi le film ne décolle-t-il pas ? Sans doute parce que le point de départ a valeur de thèse et que Jeanne Labrune n'échappe pas à la démonstration. Quand les scènes sont réussies, c'est moins parce qu'elle sont comiques que parce qu'elles émeuvent. Isabelle Huppert réussit à rendre poignante cette prostituée qui se déguise continuellement selon la volonté de ses clients. Il est dommage que l'avalanche de clichés, ni vrais ni faux, étouffe le propos en le rendant manichéen.
-
A sa manière humoristique, Jeanne Labrune signe un film qui manque de chair et de nervosité mais aligne quelques moments marquants : l’un d’entre eux plonge Alice, en plein transfert sur un autre psy que Xavier, dans un hôpital psychiatrique peuplé de vrais patients. Quelque chose, soudain, se passe, qui brise la glace dans laquelle le film semblait enserré. Et si, au lieu de ses constructions malignes mais cérébrales, Labrune se frottait davantage à la réalité ?
-
Pas de place ici pour l’humour taquin et le plaisir des mots : les personnages ne sont que des idées (courtes) de scénario et les figures d’une démonstration plus que douteuse. Le rapprochement exercé par le film consterne non seulement parce qu’il entend mettre en évidence que ces deux professions sont au fond le produit du capitalisme (la pute est très bourgeoise, ce qui permet de mettre sur le même plan son cadre de vie et celui de l’analyste. Pratique, non ?) mais aussi parce qu’il prône un discours moralisateur très réac et catho.
Ainsi, lorsque la prostituée décide de faire une analyse, le psy qu’elle consulte (honnête, lui, c’est-à-dire désintéressé et très cureton) lui fait comprendre qu’elle n’en a pas besoin : ceux qui ont vraiment besoin d’un psy sont les malades mentaux dont il s’occupe dans un hôpital psychiatrique. On hésite entre l’effarement et la colère. -
Rarement film aura si bien porté son titre.