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Dans un registre rural et intimiste qui lui convient mieux que la comédie grasse (Votre Majesté), David Gordon Green retrouve la forme avec ce film juste et drôle sur deux personnages en quête d’eux-mêmes. Interprètes idéaux, Paul Rudd et Emile Hirsch se révèlent des losers sympathiques, victimes lucides de leur propre insouciance. Loin d’être aussi monotone que la route qu’ils sont chargés de peindre, leur parcours est émaillé d’épisodes pathétiques ou pittoresques, tandis qu’un camionneur surréaliste surgit toujours au bon moment pour leur procurer une ivresse plus ou moins salutaire. Le prologue nous indique que l’action se passe en 1988, à une époque où des feux d’origine inconnue ont ravagé des hectares de forêts texanes. Par moments, on se demande si les deux gugusses ne sont pas les pyromanes. Mais, en fin de compte, les incendies sont à prendre comme une métaphore des effets dévastateurs de la négligence.
Toutes les critiques de Prince of Texas
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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En transformant un paysage de désolation en vrai terrain de jeu comme en catalyseur d’amitié, David Gordon Green retrouve enfin, grâce à cette yellow brick road des forêts texanes, la voie de son inspiration qu’on avait craint envolée.
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Prince of Texas' invente sa propre voix en tissant ensemble des petits blocs de sensations pures, d'émotion muette, un film qui, à la faveur d'une merveilleuse lumière d'automne, d'une bande originale de toute beauté, de la justesse tranquille de ses deux acteurs, de l'amour avec lequel l'auteur filme cette forêt, fait tout tenir ensemble. Un petit miracle.
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L’entreprise est aussi démesurée que l’enjeu que se choisit l’intrigue, enlacée à la somptueuse bande originale d’Explosions in the Sky, sera ténu : l’invention d’une camaraderie entre ces deux types qui réhabilitent l’ondoyante nature alentour en même temps qu’ils l’abîment - au gré de quelques gags minimaux, le film pointe malicieusement combien leur séjour en cette forêt où ils font figure de naufragés constitue un saccage écologique. Grand ouvert sur les aléas de sa fabrication, le récit bascule et dérive vers l’orée d’un fantastique très doux, lors d’une scène de rencontre avec une vieille femme jouant ici son propre rôle de victime du brasier à la dérive dans les cendres de sa vie passée. Le film, beau prince, détient là son trait le plus émouvant : une improbable figure de fantôme documentaire.
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Derrière ses atours de film Sundance, Prince Avalanche - un titre révélant bien plus la nature du métrage que le Prince of Texas français - se montre d'une liberté exaltante et affiche un casting d'une rare justesse auquel la brillante bande-originale confère un cœur inattendu.
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Joli film tendre et légèrement burlesque sur deux ados attardés qui sentent, confusément, que le temps les rattrape...
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De bon ton, le minimalisme de David Gordon Green fonctionne, comme son nom l'indique a minima ; on a l'impression qu'il s'en contente.
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En peignant, en s’engueulant, en faisant des blagues potaches, en rencontrant des personnages aussi beaux que mystérieux, les deux hommes se rabibochent et se reconstruisent. La nature, elle, reprend ses droits, et David Gordon Green filme avec parcimonie et émerveillement chaque lumière et chaque bourgeon, comme seul un amoureux fou du Texas peut le faire. Il y a autant de tendresse dans ses plans que dans le regard que portait Nichols sur les rivages boueux de son "Mud" sorti en janvier. Main dans la main, les hommes et les arbres forment un mouvement harmonieux, bercés par l’épatante bande originale d’Explosions in the Sky.
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L'histoire poétique, envoûtante et franchement étrange d'une renaissance en pleine nature.
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Porté de bout en bout par ses acteurs, Prince of Texas n’en ménage pas moins des instants de pure mise en scène, comme cet interlude abstrait où la complainte amoureuse se consume sur l’asphalte filmé en très gros plan et à toute vitesse – sorte d’hommage au scratch cinema de Stan Brakhage. Et même si quelques effets tournent à la coquetterie (un peu trop de séquences musicales au ralenti), Green réussit là la plus charmante – et libre – des escapades.
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Perdu entre mélo et comédie, Prince of Texas s’aventure à couper à travers genres. Résultat ? Un huis clos forestier, qui, bien qu’original et décalé, peine à tenir la route.
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«Prince of Texas» est à l’image du tracé que dessinent sur la route nos deux héros. Il suit d’abord la ligne droite de l’histoire d’amitiés en milieu naturel, avant de zigzaguer sous l’effet de l’alcool local et des sentiments refoulés qui remontent à la surface. Si la métaphore de la forêt incendiée est un peu trop évidente, il y a quelque chose de fort qui se dégage du beau personnage d’Alvin (Paul Rudd, touchant), «fermé» malgré lui au monde qui l’entoure. Et les boucles de guitares d’Explosion in the Sky d’ajouter encore un peu de spleen à cette balade mélancolique en paysage dévasté à laquelle il manque juste un je-ne-sais-quoi pour nous toucher durablement.
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Deux losers, des riens qui en disent long, des plans léchés : le nouveau David Gordon Green plaira ou ennuiera, mais ne surprendra personne.
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Outre l'idée originale du scénario, le duo fonctionne comme il se doit, et le road movie charrie son lot de belles images. (...) Malheureusement (...), les effets de style incessants et la bande son envahissante finissent par donner à ce film de plein air des allures de huis clos à ciel ouvert, étouffant son beau duo de départ.
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Charme tranquille et fable s’oublient donc vite avec ce Prince of Texas qui semble coincé dans un autre temps, coincé entre deux choix cinématographiques impossibles à fusionner.
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La petite musique douce amère finit par gagner le spectateur sans pour autant l’emporter totalement. Non que le dernier long signé David Gordon Green rate le coche. Disons qu’il ne cherche pas à l’atteindre ou que sa cible nous est étrangère.
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e film s’efforce d’avoir l’air plus profond qu’il n’en a l’air. Pas sûr que ce soit le cas.
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Si Gordon Green filme avec beaucoup d'humanité ce face-à-face, il parvient rarement à élever son récit, et les belles incursions oniriques semblent hors sujet. Pire, elles donnent une idée de ce qu'aurait dû être le ton du film!
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Dans ce road-movie où l’absurde côtoie le burlesque, on suit sans déplaisir les mésaventures de deux pieds nickelés qui cherchent un sens à leur vie. Leurs disputes sont homériques, leurs réconciliations touchantes, mais leurs errances et le rythme contemplatif de la fable nous laissent un peu sur le bord du chemin.
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Le seul problème, c'est qu'à aucun moment, David Gordon Green se surpasse ou même surprend. "Prince of Texas" pourrait être réalisé par Quentin Dupieux qu'on y verrait que du feu.