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Le Goût des autres avait révélé en Agnès Jaoui une auteure (indissociable de Bacri) à l’écriture acerbe mais juste, une réalisatrice étonnamment mature et une directrice d’acteurs infaillible. Sentiment conforté par Comme une image, qui brillait néanmoins davantage par son savoir-faire que par une réelle inventivité. La militante Jaoui allait-elle faire sa révolution avec Parlez-moi de la pluie ? Pas vraiment. On retrouve dans le film ce même ton acide, ces mêmes personnages gris, ces mêmes impasses existentielles, ces mêmes plans-séquences maîtrisés, ces mêmes gros plans implacables. Jaoui fait du Jaoui, mais sans l’intensité du Goût des autres ni la subtilité de Comme une image. Le regard bourré d’humanité de Bacri, certains moments de pure comédie (la séquence avec les moutons et celle du joint vont devenir cultes), quelques répliques bien senties (« C’est commode la fragilité. On n’est jamais responsables de rien. »)... Tout cela fait de Parlez-moi de la pluie une comédie populaire bien supérieure à la moyenne. On attend cependant de Jaoui autre chose qu’un divertissement carré et dépourvu de surprises.
Toutes les critiques de Parlez-moi de la pluie
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Elle nous manquait, leur petite musique. Cet art d'écrire et de décrire des situations de la vie de tous les jours, en les transcendant à force de férocité et d'humour. De générosité aussi. C'est peut-être la nouveauté: plus encore que dans Le goût des autres, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri cernent nos préoccupations ordinaires avec une humanité, une rondeur et une indulgence vis-à-vis de leurs personnages, qui était absente du précédent. La mise en scène est fluide, le propos léger et l'humeur globalement burlesque comme dans cette scène où des moutons se mêlent de politique.
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On peut aimer la politique et s’en moquer, ce que fait avec humour Agnès Jaoui, accompagnant sa politicienne de moutons bêlants dès qu’elle ouvre la bouche ou la jetant dans un camion rempli de sacs de patates. Quant à l’accueil des locaux, il a tout d’une scène chez les « Bronzés ». Le film traite à la fois des étiquettes -les forts, les faibles-, mais aussi de l’inattention aux autres, du racisme ordinaire. Le tout réuni chez cette femme cassante, peu familière du mot « sollicitude », creusant le fossé entre son discours pro et ses actes. Parmi l’ensemble très cohérent de cette tragi-comédie, une prime au duo magnifique que forment Jean-Pierre Bacri, maladroit et attendrissant, Djamel Debouzze, douloureux, agressif.
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Derrière leur humour fin et solide comme une vitre blindée, le tandem Bacri-Jaoui dévisage le monde et nous le restitue sans oublier d'y observer leurs propres reflets. Admirable directrice d'acteurs hors-normes, Agnès nous offre le duo improbable formé par Jean-Pierre Bacri, au sommet de ses gouffres, et Jamel, intense de sobriété dans sa toute jeune maturité. N'attendez pas le déluge pour voir cette comédie existentiellement drôle qui nous parle de la pluie des âmes pour mieux laisser passer les rires entre les gouttes.
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Certes, on retrouve le style Jaoui-Bacri, fait de dialogues savoureux empreints de mélancolie qui rendent les situations comiques. Le tandem clownesque Jean-Pierre Bacri-Jamel Debbouze en est non seulement la parfaite illustration mais il montre le talent de direction d'acteurs d'Agnès Jaoui. Mais le personnage central dans le rôle de la victime type peut flirter avec l'insupportable.