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Quand on pense au teen movie, les premières images qui se forment dans nos têtes sont des clichés d’insouciance opulente : des lycéens à la pointe de la mode dans des couloirs aux couleurs vives, une adolescence de loisirs et de consommation, où l’argent n’est jamais un enjeu. Il y a, bien sûr, un milliard d’exceptions à ce cliché, néanmoins on remarque toujours particulièrement les teen movies qui accordent, en marge des incontournables récits de la découverte de soi et de l’éveil sexuel, leur digne importance aux questions triviales du coût de la vie, et de la classe. C’est le grand honneur de Normale, centré sur Lucie, gamine menacée d’être placée en foyer si les services sociaux découvrent qu’elle est secrètement devenue le parent de son propre père, affaibli par une maladie cruellement dégénérative. Le film est un étrange objet à la fois appliqué à honorer les balises d’un genre américain, et en même temps comme enivré par un certain nombre d’écarts de conduite, tentations narratives ou esthétiques : romantisme furieux, formalisme arty, comédie musicale. Olivier Babinet ne se refuse rien et si tout ne fonctionne pas forcément, l’ensemble finit par convaincre, au terme d’une espèce de prolifération baroque et sentimentale qui accouche d’un film en forme de grand cœur d’artichaut rapiécé, débordé d’émotions incontrôlées, de fantaisies encrassées de réel. Un teen movie cabossé, à la fois pouilleux et lumineux, où Poelvoorde, qui a beaucoup aimé (sachant que plus ça va, moins il regarde ses propres films), brille d’un beau feu d’étoile déclinante.