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Le cinéma du « printemps arabe » tire plus vite que son ombre. Après l’Égyptien Yousry Nasrallah, sélectionné à Cannes dès 2012 avec Après la bataille, le Tunisien Nouri Bouzid prend sur le fait la révolution tunisienne, gardant la rue aux limites du hors-champ pour filmer la métamorphose sociale à hauteur de jeunes femmes. Sa double histoire de voile pourrait n’être qu’édifiante, et la mièvrerie de l’affiche laisse craindre le pire. Mais parler de sincérité pour définir ce film n’est pas un euphémisme poli tant il est traversé par une
authentique vitalité et noirci par ses zones d’ombre. Il parvient en effet à saisir la complexité d’un réel en mouvement, celui d’un pays « millefeuille » où s’empilent traditionalisme et modernité et où se mélangent en une crème indigeste, réformisme politique et obscurantisme religieux. En quelques scènes fortes (notamment celle, oppressante, dans laquelle on force Zaineb à se voiler), on oublie certaines lourdeurs et maladresses.
Toutes les critiques de Millefeuille
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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C’est peut-être le premier film tunisien sur le corps des femmes. La plus libre n’est pas forcément celle que l’on croit. Un tribut aux deux actrices, toutes deux magnifiques : Souhir Ben Amara et Nour Mziou.
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Vivifiant, disert, son film mêle paroles, chants , danses allie la légèreté à la gravité. C'est parfois démonstratif, mais l'énergie et le courage (...) l'emportent.
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Ce film un peu long de Nouri Bouzid montre la complexité et la fragilité de la condition féminine dans un pays en quête d'identité.
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Millefeuille est une ode à la tolérance plutôt bien vue. pour appuyer son propos, Nouri Bouzid est parfois démonstratif mais jamais au détriment des personnages, riches psychologiquement, surtout les femmes.
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Janvier 2011. Tunis est en ébullition. Le régime de Ben Ali n’a plus que quelques jours à vivre. Deux jeunes et jolies jeunes femmes travaillent dans une pâtisserie de luxe du centre ville. Aicha porte le voile, Zaineb s’y refuse. Cela n’a guère d’importance : elles sont les meilleures amies du monde. Mais toutes les deux vont se trouver, l’une obligée de mettre le Hijab, l’autre forcée de l’enlever. D’où, dans le film, deux séquences croisées, deux scènes magnifiques. L’une où Aicha s’essaie à ôter le voile : sa réaction est viscérale, épidermique comme si l’air consumait son cuir chevelu. L’autre où, sa tante lui masquant les cheveux sous un voile, Zaineb manque de sombrer dans la folie. C’est que Zaineb et Aicha mènent un combat identique même s’il paraît, au départ, contradictoire. C’est aussi que quelque chose manque à la révolution « visible » : la révolution intérieure, la liberté de choix, quel qu’il soit, pour les femmes. Révélé à Cannes en 1986 avec ‘L’Homme de cendres’, Nouri Bouzid signe avec ‘Millefeuille’ une chronique enlevée, pleine de chansons et de couleurs. Une chronique, surtout, qui évite les pièges du réalisme étroit et du militantisme appuyé. Malgré, ici et là, quelques lourdeurs ou maladresses de mise en scène, le film a un intérêt certain.
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Même si l'intrigue est confuse, Millefeuille offre de belles séquences et des dialogues bien sentis.
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Trop sage, son mélo ne surprend jamais. L'importance du propos et a force de certaines scènes poussent néanmoins à l'indulgence.
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Un combat indispensable, porté par l’énergie de jeunes comédiennes qui emportent sur leur passage un message parfois trop didactique dans la forme.