Dans le premier Maison de retraite, Kev Adams incarnait Milann, jeune type arrogant, détestant les vieux et obligé de bosser en Ehpad dans le cadre de ses Tiges. Vite converti en bon samaritain, il redonnait leur dignité aux pensionnaires et imaginait même un choc des cultures en confrontant ses pensionnaires décrépits à des orphelins turbulents. Un prétexte pour offrir à ses comédiens carte vermeil de quoi s’amuser et à ses spectateurs une démo de bons sentiments.
Quand MDR2 commence on découvre que la maison de retraite est menacée de fermeture. Kev, fidèle au poste, décide d’incruster les pensionnaires dans un autre Ehpad du sud de la France. Là, il se heurte à deux problèmes : d’abord le délicat mélange entre son équipe de vieux et les nouveaux briscards (Chantal Ladesou, Jean Réno, Enrico Macias, Amanda Lear, Michel Jonasz….). Ensuite - et surtout - la confrontation avec la directrice d’une société d’Ehpad plus intéressée par le fric et les profits que par le bien-être de ses administrés (le scandale Orpéa est passé par là).
MDR 2 utilise les mêmes ficelles que le premier. En premier lieu, les blagues régressives : son casting se dézingue à coup de pistolet Nerf et s’insulte à qui mieux-mieux (Chantal Ladesou éructe ses insanités avec un air de soudard franchement drôle). Dans ce registre, c’est Jean Reno qui tire le plus profit de la situation. Vieux grognard, mytho qui surfe sur sa propre gloire, il est impérial. Arrivée au ralenti, souvenirs égrenés sur le front de mer avec le regard vitreux : en mode sous-Bruce Willis, il amuse. Si le film de maison de retraite est un genre que la démographie promet à un bel avenir, Kev et Claude zidi Jr ont aussi compris une chose essentielle. Les vieux ont un avantage décisif sur les jeunes pousses : ils ne se prennent plus au sérieux, n’ont plus rien à perdre. Et dans Maison de retraite 2, pendant qu'on lui tient compagnie, le troisième âge prend un air de partie de plaisir.
Mais on est au cinéma, et il faut une histoire ou un sens. Et Kev et son cinéaste délivrent une fois encore des leçons de vie, voire une moraline, un peu guimauve. Néanmoins, MDR 2 rajoute à ce cocktail deux particularités : d’abord une fin en forme d’escroquerie à la Ocean’s eleven mâtinée du Jeu de la dame qu’on ne dévoilera pas pour vous laisser l’entière surprise. Le mic-mac d’arnaque n'est pas de tout premier choix, le dynamitage tourne un peu court, mais l’ensemble dynamise un peu la coda finale. Surtout, encore plus que dans le premier, on a l’impression que Kev joue ici au Monsieur Loyal. Il organise, allume la mèche, passe les plats et s’il s’offre quelques scènes rigolotes (très bonne imitation de Christophe Maé), il pense d’abord collectif. Il semble regarder ses acteurs prendre plaisir à délirer.