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Le générique de ce documentaire a de quoi intriguer : « Un film de Charles Aznavour, réalisé par Marc Di Domenico. » Une petite explication s’impose. De 1948 à 1982, Aznavour a filmé son quotidien avec une caméra offerte par Édith Piaf. Ses voyages, ses tournées, ses tournages. Ses amours, ses amis, ses emmerdes. Mais jusqu’à peu avant sa disparition, personne ne connaissait cette manne d’une richesse inouïe. Et puis un jour, le chanteur a décidé d’ouvrir cette malle aux trésors et de la confier à Di Domenico, devenu son ami au fil d’un docu télé que ce dernier tournait sur lui. Ce cadeau inestimable aurait pu se révéler empoisonné. Que faire de toutes ces bobines ? Comment trouver une narration ? Que garder et écarter ? Di Domenico apporte des réponses convaincantes à ces interrogations. Certes, il y a des manques. Évidemment, ces 83 minutes paraissent frustrantes tant chaque séquence donne envie de voir les heures non retenues. Mais l’essentiel se situe ailleurs. Dans la façon dont Di Domenico parvient à raconter l’homme et l’artiste Aznavour – qui semble avoir voulu filmer sa vie pour s’assurer qu’il ne rêvait pas les yeux ouverts – sans gommer des aspects moins flatteurs (son rapport à sa première femme et à l’argent) ou plus tragiques (le décès de son fils Patrick d’une overdose). Ces fragments d’une existence hors normes se vivent comme un tourbillon, au rythme de ses chansons, de moments cultes (le tournage en couleur d’Un taxi pour Tobrouk) et d’une voix off (celle de Romain Duris) récitant les écrits de l’artiste.