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De Sorrentino (C’était la main de Dieu) à Spielberg (The Fabelmans), la mode est au cinéma autobiographique et Christophe Honoré, après avoir déjà mis en scène son histoire familiale au théâtre (Le Ciel de Nantes), poursuit au cinéma avec un teen movie de très grande inspiration personnelle. Son héros, Lucas, est un adolescent homosexuel que l’on va suivre à partir du décès de son père, puis dans les jours et les semaines qui suivent, qui seront à la fois le temps du deuil (mais le deuil confus d’un ado : on n’est pas du tout triste, puis tout d’un coup beaucoup, etc.) et celui de l’entrée dans l’âge adulte (la mère de Lucas l’envoie se changer les idées quelques jours chez son grand frère à Paris : la vie commence).
Honoré n’a aucune complaisance envers le deuil, ni envers l’adolescence, ni envers les automatismes du récit coming of age. Le Lycéen est un film sincère et frontal qui ne s’excuse de rien et semble directement faire corps avec son personnage, avec la violence, l’hétérogénéité, la confusion des sentiments propre à un garçon de cet âge-là frappé par une tragédie qui le dépasse – et dont il fait d’ailleurs parfois presque mine de se moquer. De l’ensemble se dégage un étrange mélange de vulnérabilité et de force, mais aussi quelque chose de duveteux, de réconfortant ; quelque chose qui n’est pas seulement dû à son incroyable défilé de pull-overs ou à sa belle lumière hivernale, mais à un amour familial aussi chaotique que vibrant, que Honoré est parvenu à faire infuser dans tout ce film souvent poignant, et toujours juste.