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C'est la richesse de Ce dernier voyage... gorgé de mélancolie que de nous emmener dans cette autre Chine, en l'occurence une région du Yunnan où le temps semble s'être arrêté. Liu Jie fait preuve d'une grande sensibilité humaniste formidable pour filmer ses trois juges confrontés aux limites de leur tâche et traversant les villages pour en régler les conflits, s'intéressant au passage aux cultures de ces minorités invisibes, à leurs conditions de vie, à leurs traditions qui tentent de survivre.
Toutes les critiques de Le Dernier Voyage du juge Feng
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Visuellement magnifique, ce premier long-métrage de Liu Jie nous entraîne sur les sentiers montagneux d'une région isolée pour nous faire découvrir les moeurs paysannes sous une forme savoureuse. A travers un parcours presque documentaire, le cinéaste explore le décalage entre un mode de vie ancestral et les impératifs d'une juridiction moderne. Lestant d'humour les situations les plus indignes, le juge Feng s'oppose malicieusement à la rigidité de l'étudiant en droit.
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Le premier long-métrage du Chinois Liu Jie est frappant de maturité. Sublimes paysages de montagnes avec le vide pour mangeur d'hommes. Liu Jie, séduit par cet univers riche, sait admirablement le traduire à l'image. Avec une profondeur chaleureuse, pudique et angoissée, comme les derniers mots de la greffière au juge: "Si tu ne peux pas me le dire, écris-le moi". Magnifique.
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La part menue de la fiction et la cohabitation bancale des acteurs professionnels avec les amateurs affaiblissent parfois le film. Mais le voyage, réellement hors des sentiers battus, à travers des paysages majestueux, réserve des images d'une Chine immémoriale qu'on n'a pas l'habitude de voir.
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Entre la fable et la chronique sociale, doté d'une photographie qui s'accorde à la grande beauté de cette région montagneuse, ce film doux-amer pose non sans audace dans une société aussi corsetée la question de la définition de la norme et de la marge. La description des autochtones, en revanche, pourra paraître un rien condescendante, dès lors qu'ils apparaissent essentiellement comme des faire-valoir d'un récit qui ne les regarde qu'à travers le prisme de sa problématique principale.
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Accompagné de sa greffière mise à la retraite d’office par l’administration, et d’un jeune juge novice, le magistrat parcourt les villages. Méfaits d’un cochon, querelle de famille, mariage malheureux sont quelques-uns des litiges qu’il doit régler. La loi n’y suffit pas toujours, elle doit parfois être aménagée, interprétée, contournée, car les coutumes locales sont vivaces. La patience, un peu de psychologie ou une décision radicale feront parfois l’affaire. Ce « petit » juge, jugé peu digne par son jeune confrère, est émouvant dans son désir à la fois de représenter la loi tout en ne bousculant pas les traditions, en respectant la dignité de ces paysans oubliés. Emouvants aussi les sentiments tus qui le lient à sa greffière, mise à la retraite par décision administrative. Une vision nostalgique de la Chine rurale, peu présente au cinéma.