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Michel Hazanavicius s’était juré de ne jamais réaliser de film sur la Shoah, se sentant incapable d’affronter la question à ses yeux insoluble de sa représentation par la fiction. Jusqu’à ce qu’il découvre donc La Plus précieuse des marchandises de Jean- Claude Grumberg. Et que cet ami d’enfance de ses parents glisse son nom pour porter à l’écran son œuvre. Une intuition gagnante. L’action se déroule en Pologne au cœur de la seconde guerre mondiale. Dans le train conduisant sa famille vers les camps de la mort, un homme balance par la fenêtre son nouveau- né pour lui donner un espoir de vivre. Une bûcheronne va alors recueillir cette petite fille et l’élever contre l’avis de son mari gangréné par l’antisémitisme de l’époque avant de devenir le plus grand défenseur de cet enfant quand ses camarades de travail, mus par la haine du Juif, décideront de l’éliminer. La grande réussite d’Hazanavicius est d’avoir su traduire en images la puissance irrésistible de cette histoire et sa dimension de conte qui tranche avec l’horreur de cette période. Le style de son animation, ce réalisme minimaliste, ce dépouillement dans toutes les scènes qui se déroulent dans cette forêt nappée de brume et de flocons tranche avec celles, saisissantes, mettant en scène le père de cet enfant à Auschwitz où Hazanavicius passe alors d’une image animée à une image inanimée. Le tout accompagnée par la voix chargée d’humanité de Jean- Louis Trintignant dans le rôle du conteur. Hazanavicius prouve une fois encore sa capacité à ne jamais s’enfermer dans une quelconque de zone confort.