Première
par Thierry Chèze
Que faire après avoir signé le plus gros succès mondial de tous les temps de l’histoire du cinéma d’animation japonais (ouf, quelle phrase !) ? C’est le drame qui attendait Makoto Shinkai, après son totalement stupéfiant et magnifique Your Name (2016). Voilà donc l’histoire d’un lycéen fugueur devenu journaliste malgré lui, qui fait la connaissance d’une jeune fille capable de faire cesser, pendant de brefs moments, la pluie sans fin qui inonde le Japon. Techniquement, narrativement, visuellement, c’est irréprochable. Le film galope à une vitesse folle, nous faisant traverser un Tokyo rarement vu : la ville sous la pluie, à travers ses caniveaux, ses poubelles, ses love hotels et ses logements capsules. Une vision d’un réalisme affolant, sans jamais oublier l’humour ou la poésie. Les changements d’échelle, par la grâce d’un cut, d’un mot, d’une phrase, sont vertigineux. La maîtrise technique de Makoto Shinkai est totale. Elle n’était plus à démontrer. Le seul souci, c’est que l’on n’arrive pas à être ému par cette histoire d’amour et de magie, qui ne parvient pas très bien à tourner ses éléments les plus lacrymaux. Les Enfants du temps n’arrive pas à nous tordre le bide comme Your Name a si bien su le faire, et qui, de fait, avait des allures de miracle. En revanche, depuis la sortie de Your Name, Le Voyage de Chihiro a débarqué sur les écrans chinois et a repris sa couronne de plus gros succès de tous les temps de l’histoire du cinéma d’animation japonais. Le défi est relancé.