Première
par Bernard Achour
Victime d’un buzz trop grand pour lui, Hors-la-loi n’est rien de ce que prétendait la rumeur. Ni le brûlot révisionniste censé faire de la police française le croquemitaine de l’émancipation algérienne, ni l’objet de controverses sur les agissements du FLN, ni le cobaye sacrificiel que la presse, à Cannes, prend parfois un malin plaisir à étriper vivant. Non, le vrai problème est ailleurs : dans la difficulté du film à exister par lui-même. La force relative de l’avant-dernier film de Rachid Bouchareb, Indigènes, tenait à un mélange de naïveté, d’inspiration, de casting futé et d’humanisme militant difficilement contestable. La naïveté est toujours là, l’inspiration s’est transformée en une certaine virtuosité (le massacre inaugural), mais le casting n’est que recyclage et l’humanisme se limite à une rédaction un peu trop scolaire sur le mode « Il y a du bon et du mauvais partout ». À l’arrivée, il reste une tranche de cinoche joliment ripoliné, pas désagréable à suivre au demeurant mais néanmoins à des années-lumière du Il était une fois en Algérie, du Independence Now ou du Gangs of Sétif qu’un Leone, un Coppola ou un Scorsese auraient pu tirer de la même histoire.