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Rocky est un homme discret qui souffre de ne pas exister aux yeux du monde. Sa vie prend une autre tournure quand il découvre un hibou dans son appartement.
La moitié d’Eric Judor fait enfin son film. Le duo comique qui n’a longtemps existé que comme une entité indissociable avait reconnu après Seul Two que partager la réalisation était impossible. Cette fois Ramzy Bedia est seul maître à bord et on peut observer ce qu’il reste quand on lui enlève sa moitié : le non-sens toujours, la poésie, la naïveté, un peu de romantisme. Hibou est une toute petite chose attachante, un conte sur la gentillesse et l’importance de la faire triompher, sur l’équilibre à trouver entre pur égoïsme et excès d’abnégation. L’acteur gigantesque aux allures de Tati exploite à merveille son grand corps dégingandé, caché dans un déguisement de hibou pendant la quasi intégralité du film, sous lequel il parvient à faire passer plein d’émotions. Suffisamment pour qu’on n’attende pas de ce Hibou qu’il prenne réellement son envol. Vanina Arrighi de Casanova
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Les critiques de Première
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Aujourd'hui, dans une société où le plus sexy et le plus communicant ont toujours raison, être discret revient à passer pour transparent. C'est le cas de Rocky que personne ne voit, ni au bureau, ni dans la rue. Un soir, ce dadais au pantalon trop court découvre un grand duc sur son canapé. « Quelle présence, l'animal ! » pense Rocky, qui enfile alors un déguisement intégral de hibou. Mais toujours dans l'indifférence générale ! Il faudra qu'il rencontre une fille panda pour se mettre à exister...
Il y a de légers hic (surtout au montage) dans ce premier long métrage de Ramzy, mais on s'en fiche, tant le film est gorgé de tendresse, avec son regard perçant et poétique sur la moderne solitude de cette espèce en voie de disparition : les gens gentils. Il y a cette scène douce où mademoiselle panda avoue en rougissant (enfin, c'est ce qu'on imagine) ne jamais avoir appris à faire du vélo. Celle, comique et absurde, où Eric Judor (toujours là pour son pote Ramzy) cherche en vain ce qui a changé chez Rocky. Ou encore cet ex-chanteur atteint de phonophobie, incarné par Philippe Katerine... Ce petit monde évolue dans un drôle de décor, une des autres réussites du film : un urbanisme qui tient autant de l'architecture Playmobil que de l'hommage modeste à Jacques Tati. — Guillemette Odicino
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Ramzy Bedia se lance dans la réalisation. Et sort la comédie populaire des sentiers battus.
Un hibou tombe amoureux d'un panda plutôt timide, mais qui finit par le lui rendre bien. Le volatile travaille dans une agence de pub où tout le monde l'ignore, au point de ne pas être étonné de collaborer avec un hibou gigantesque. Parce qu'en réalité il y a un grand dadais à l'intérieur. Il s'appelle Rocky mais n'a rien de combatif, au contraire. Le garçon est la gentillesse incarnée, mais il est désespérément seul. Pourquoi se déguise- t-il? Pourquoi le panda a-t-il les yeux d'Elodie Bouchez? Quel est le problème du voisin, Francis Banane, aussi barré que peut l'être Philippe Katerine?
Hibou accumule les questions sans prendre soin de donner toutes les réponses. Et c'est très bien ainsi. L'absurde, ça ne s'explique pas. Pas plus que la poésie. Ce dont regorge ce premier long-métrage de Ramzy Bedia, qui rappelle ceux de son ami Quentin Dupieux, dont l'inclassable Steak (2006, avec Eric Judor) a de toute évidence élargi les perspectives de l'acteur en matière de comédie. La mise en scène n'est pas folle, mais la proposition, si. Et c'est le plus réjouissant.
Qu'importent les maladresses et les petites baisses de rythme, Hibou se démarque par sa volonté de tourner le dos à un genre codifié et à un cinéma convenu. C'est un film totalement libre, singulier, avec quelques gags qui font mouche et quelques moments qui osent la candeur. On savait que Ramzy ne manquait pas de talent. Il ne manque pas d'audace non plus.