Parce qu’il a reçu sur son portable un appel d’un cousin (l’un des organisateurs du 11 Septembre), un jeune mauritanien est enlevé par le FBI, torturé et emprisonné à Guantanamo sans inculpation ni procès. Lorsque l’Etat américain décide de l’envoyer sur la chaise électrique, une avocate chevronnée, Nancy Hollander, choisit de prendre sa défense en main. Inspiré de l’histoire vraie de Mohamedou Ould Slahi, Désigné coupable est un thriller juridique à l’ancienne qui rappelle tous les classiques du genre. L’objectif du film, couillu vu le contexte politique américain, est de dénoncer les exactions commises à Guantanamo, et de s’interroger sur la mécanique qui a pu mener à commettre ces infamies au nom d’un pays qui ne cesse de promouvoir ses valeurs. Pourtant, Désigné Coupable dépasse le cadre du simple film dossier. Documenté et rigoureux, le script de MacDonald ne repose pas uniquement sur la dimension judiciaire du docu-drama. Comme l’amitié entre le médecin naïf et le tyran africain du Dernier Roi d’Ecosse et comme la relation du barbare avec le soldat romain dans L’Aigle de la neuvième légion c’est la relation entre deux personnages que tout oppose qui intéresse l’Ecossais. L’apprivoisement progressif entre une avocate rationnelle et un détenu totalement perdu. Jodie Foster excelle en idéaliste qui cache ses sentiments sous sa rigidité professionnelle. Mais c’est Tahar Rahim qui impressionne. D’une puissance sidérante, tour à tour violent ou rêveur, victime et moteur du récit, il trouve son meilleur rôle depuis Un Prophète.