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Tony Scott est de retour (…). Plus proche d’Ennemi d’État que de ses récentes crises d’épilepsie, Déjà vu tente le parti pris osé d’injecter un argument futuriste dans le corps d’un thriller (…) contemporain. (…) Quand il met son savoir-faire au service du film, et non l’inverse, le réalisateur de Top Gun reste une des valeurs les plus sûres du divertissement hollywoodien. Déjà vu ne prétend pas à autre chose, et s’en acquitte avec une aisance à la limite de l’insolence.
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Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Paris Matchpar Christine Haas
(…) une question se pose : si le présent peut vraiment influer sur le passé et le futur, serait-il possible de balancer par « la fenêtre du temps » ce mélange inepte de romance à rebours, d’action anti-terroriste, d’essai métaphysique, de pamphlet politique et de l’expédier au fin fond d’un « tunnel temporel » ?
- Fluctuat
La fusée Tony Scott revient avec le grand film concept du moment, Déjà vu. Tout est dans le titre ? Pas seulement. uvre synthèse de son cinéaste parsemée d'éclats de génie, Déjà vu est aussi ce qu'on fait de plus contemporain. Pour le pire et le meilleur.
- vos impressions ? discutez du film Déjà vu sur le forum cinémaAprès la décadence paroxystique et apocalyptique de Man on Fire et Domino, Tony Scott fait une pause. Enivré par l'excès de ses montages saturés, le cadet des frères calme le jeu, retrouvant avec Déjà vu sa veine de polar high tech (Ennemi d'Etat, Spy Game). Scott a-t-il atteint un tel point de non-retour que son esthétique du débordement cinétique lui impose un repli sur des bases plus lucides ? Possible. Toute son oeuvre depuis Top Gun est travaillée par une fascination de la vitesse comme effet de liaison, transition rapide et géométrique entre les espaces qui n'ont d'autre centre que le film lui-même, l'image. Ce cinéma de l'amnésie, de la précipitation, de l'accélération, synchrone avec l'époque où il est né (les années 80), révèle une obsession des formes planes et asymboliques où le décentrement du sujet dans l'image avoue sa volonté de l'y situer comme son dernier espace possible. A sa manière, Tony Scott est un cinéaste pop méconnu, le seul qui, peut-être avec l'apothéose que fût Domino, invente un cinéma en deux dimensions.Cette obsession pour la vitesse révèle aussi chez Scott, outre la volonté de saisir une quantité infinie d'espaces possibles dans le même plan, un désir divin de replier le temps. Son oeuvre est ainsi tapissée d'images radar, satellite, et même les montages hystériques de Man on Fire ou Domino, avec leurs multiples types de pellicules et leurs cuts constants, n'ont cessé de travailler à une forme de concentration maximale du temps dans un minimum d'espace. Scott cherche à être des deux côtés du spectre, à courber la linéarité du temps du film, du montage, en superposant une quantité maximum de couches. Curieusement, avec Déjà vu le cinéaste a trouvé un récit à la juste mesure de ses obsessions. A travers un scénario ultra dickien mélangeant SF et polar (on pense même à des extraits d'une conférence où le romancier analysait à sa manière le déjà-vu), c'est tout le cinéma de Scott qui est mis en abyme. Il est presque théorisé.Plus que l'oeuvre du cinéaste, Déjà vu propose une troublante vision du cinéma lui-même. A sa manière il poursuit et réinvente les pistes semées par "Alain Resnais" rec="0" et ses labyrinthes temporels si chers à "Gilles Deleuze" rec="0". Déjà et de façon moins complexe, plus distante, l'introduction du film est un modèle de fluidité, d'efficacité narrative, où pendant dix minutes, sans dialogue, Scott joue la densité au prix d'une forme elliptique exemplaire. Entre la fragmentation de l'espace, les constantes transitions sonores et musicales, plus qu'un effet publicitaire, le film produit une concentration d'images où chacune devient un pivot unique au centre d'un maelström. Mais ce sont surtout deux scènes qui a elles seules méritent l'attention. La première, où Denzel Washington découvre les images au passé, donc vivante, de celle qu'il a quittée à la morgue quelques minutes plus tôt. Très simplement, avec des superpositions, Scott crée l'idée de deux temporalités au présent qui se chevauchent, coexistent. Devant le visage ému de Washington, c'est tout le cinéma que Scott interroge, notre manière de nous peupler d'images.Autre scène, plus délirante mais tout aussi théorique, une invraisemblable et inédite poursuite en voiture où Washington poursuit le terroriste dans le passé depuis le présent. On ne décrira pas le dispositif, mais l'idée, formellement unique sans pour autant atteindre une réelle complexité de mise en scène, révèle encore cette volonté panoptique chère à Scott. A force d'aller vite, le cinéaste a fini par atteindre avec Déjà vu une sorte de point zéro du temps où passé et présent se confondent. Il a trouvé le sujet même de son cinéma.Évidemment tout cela n'est pas que purement cinématographique, et la question du terrorisme comme la situation géographique du récit à la Nouvelle Orléans de l'après Katrina n'est pas innocent. Les multiples évocations à Dieu ou au destin, mélange de métaphysique naïve entrecroisée des délirantes interprétations scientifiques, dévoilent une vision confuse de l'interdépendance des choses. C'est là où derrière un objet qui formellement s'avère plutôt passionnant, le film dévoile un message plus hasardeux. Quoique si on trouve encore des échos spirituels chez "Philip K. Dick" rec="0" dans Déjà vu, il laisse surtout sous-entendre l'utilité d'une science prémonitoire de l'événement dont les liens avec l'actualité révèle une crise que Dick aurait haï.Mais le message est aussi paradoxal et plus ambigu qu'il n'y paraît, s'il évoque le destin, la science est là pour le défaire et changer le passé. Est-il utile et possible alors de contrôler le temps pour (re)-faire l'Histoire et maîtriser le destin du monde ? Ou justement le fait de pouvoir le modifier est-il la preuve qu'il n'y a pas de destin ? Possible contre probable, Déjà-vu est ce qu'on fait de plus actuel.Déjà vu
Réalisé par Tony Scott
Avec Denzel Washington, Jim Caviezel, Adam Goldberg
Sortie en France : 13 décembre 2006[Illustrations : © Buena Vista International]
Sur Flu :
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